« Austral » : second roman sur la mémoire et les héritages de Carlos Fonseca

Carlos Fonseca publie son premier roman Musée animal à 28 ans et devient alors le plus jeune auteur jamais publié par l’édition espagnole Anagrama. Huit ans plus tard, il publie Austral décrivant encore une fois des histoires de vie mais abordant également des sujets plus sérieux tels que l’histoire et la politique d’un pays ainsi que la maladie.

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Musée animal, son premier roman, parlait déjà d’histoires de vie et de souvenirs, de la gestion du deuil et de la richesse des relations de chaque individu. Il semble qu’il ait créé un roman plus accessible sans toutefois diminuer sa consistance.  « Imagine qu’en naissant on te donne une petite boîte avec un scarabée à l’intérieur. On te dit qu’il est si précieux et si intime que personne à part toi ne peut le voir. » voici l’un des questionnements philosophiques que l’on peut trouver dans Austral.  L’auteur nous offre un roman très puissant ; une réflexion sur le temps qui passe, sur les héritages laissés par chaque individu, sur ce qu’apportent les voyages, la maladie et la philosophie. Il nous propose une écriture descriptive, remplie de détails et nous passionne grâce à des rappels historiques et des évocations de Nietzsche, Lénine, Kafka, Wittgenstein.

Félix Terrones indique que : “des romans comme ceux de Carlos Fonseca visent à repenser l’histoire de l’humanité…”. Le livre nous permet de voyager à différents endroits du globe mais aussi de parcourir le monde d’une manière historique et artistique. Les différents récits du roman se mêlent presque comme une douce poésie. Alizia Abravanel, à l’image de son auteur, est elle aussi écrivaine. Cette femme seule, très courageuse, a décidé de faire face à la maladie, ce qui permet d’évoquer les mystères des maux et leurs conséquences et notamment ceux de l’aphasie, maladie qui ne touche que le language. A travers ce personnage, nous observons l’existence d’une petite fille fascinée par son père. Elle nous transmet avec beaucoup de passion les récits sur les aventures de son père et ses échanges avec Karlz von Mühlfeld, anthropologue. À la fin de sa vie, elle finira par se réfugier exclusivement dans l’écriture mais ne parviendra pas à terminer son dernier projet, un dictionnaire nommé « Dictionnaire de la perte » et qui pourrait s’expliquer comme : « La distillation de la langue pour en extraire l’essence et, à partir de là, commencer à la reconstruire. » Peut-on y voir une ode au langage ?

Julio Gamboa, quant à lui, exerce désormais en tant que professeur aux États-Unis, ce qui ne l’empêche pas de conserver son âme de rêveur et d’avoir d’autres ambitions telles que retourner au Costa Rica. C’est alors qu’un courrier l’oblige à voyager jusqu’à Humahuaca afin d’éditer le dernier manuscrit de son ancienne amie Alizia. Il y fera la rencontre de Olivia Walesi, artiste, José Ricardo Escobar, Juvenal Suarez, Raul Sarapura, indigène et d’un lévrier. Julio va alors faire des sauts dans le temps et notamment retourner au XIXème siècle afin de mieux comprendre la vie du père de son amie mais également de l’enfance et de la fin de vie de Alizia Abravanel. Son excursion lui permettra aussi d’entendre des récits passionnants et les mémoires d’un aborigène immigré en Allemagne. 

Ainsi, dans ce livre, nous assistons à la naissance de plusieurs œuvres, à la manière de créer et d’être inspiré. « L’édition de ce texte et l’éclaircissement des mystères qu’il renferme emmèneront Julio (et le lecteur) dans une communauté d’artistes en Argentine, une ville oubliée du Guatemala, en Amazonie et aussi, bien sûr, à Nueva Germania. Construit comme un fascinant jeu de miroirs ou une chasse au trésor, Austral s’interroge sur ce qui survit de nous malgré les bouleversements de l’histoire, sur la nécessité de la mémoire et de l’écriture dans un monde qui court à sa perte, sur les traces et les voix qui demeurent, recouvertes par l’oubli. » (D’après la maison d’édition) Si ce roman vous a également convaincu, il ne vous reste plus qu’à attendre la suite ou à regarder Las Trece Rosas du même auteur et adapté au cinéma par Emilio Martinez Lazaro ou à lire Musée animal.

https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Scribes/Litterature-etrangere/Austral#