C’est officiel, la ville colombienne de Cali accueillera la 16ème Conférence des parties des Nations unies pour la biodiversité en octobre prochain. Le slogan qui accompagnera l’événement sera « Paix avec la Nature », et aura pour logo la fleur Inirida, espèce endémique de Colombie.
Photo : Gallegas
La Colombie avance sur la préparation de la COP16 biodiversité qui aura lieu du 21 octobre au 1er novembre 2024. Après la nomination de la ville hôte, Cali, le 20 février, puis le dévoilement du logo et du slogan lors de l’Assemblée générale des Nations unies pour l’Environnement à Nairobi, le 28 février, il ne manque plus qu’un ou une président.e du sommet, qui sera très prochainement connu : il s’agira probablement de l’actuelle ministre de l’environnement et du développement durable actuelle, Susana Muhamad. Cette dernière a également organisé le premier comité exécutif de la COP16 le 22 février 2024, où était notamment présent le maire de Cali, Alejandro Eder.
Le logo de la COP16, représentant la fleur Inirida, une espèce endémique de Colombie, donne la couleur quant aux sujets que la présidence colombienne souhaite mettre sur le devant de négociations. C’est bien la Nature, une notion plus englobante que celle de biodiversité, qui devrait être au cœur de la Conférence. Ainsi, au-delà de la protection de la biodiversité, ce slogan signe un « appel clair à la réflexion pour améliorer notre relation avec l’environnement, repenser notre modèle économique qui ne priorise pas l’extraction, la surexploitation et la pollution de la nature », lit-on sur le site internet du ministère de l’environnement colombien. Le gouvernement de Gustavo Petro tente en effet de s’inscrire dans cette démarche depuis plusieurs mois : il y a un an, en janvier 2024, il annonçait la fin de toutes nouvelles exploitations d’énergies fossiles dans le pays.
Les négociations de la COP16 seront ainsi guidées par une philosophie chère au gouvernement Colombie, celle de faire la « Paix avec la nature ». En guise d’illustration, Cali se situe dans la région colombienne la plus riche de la planète en termes de biodiversité, selon Gustavo Petro. Cette région se nomme le Pacifique colombien dont on peut voir quelques richesses dans la vidéo de communication de la COP16 publiée ce 20 février. L’expression maintes fois reprise par le président colombien dans ses discours sur la scène internationale clôture cette vidéo : « La Colombie : une puissance pour la vie ». La visée du gouvernement colombien qui est derrière la création de ces outils de communication est que la Nature soit reconnue comme un pilier de la transition climatique lors de la Conférence. Cela passera notamment par l’écoute de « la voix des pays méga-divers1 », a déclaré Susana Muhamad lors de l’annonce de la ville hôte le 20 février.
Concrètement, les négociations devraient aboutir sur la définition d’un cadre opérationnel de suivi des progrès des Etats par rapport aux objectifs adoptés en 2022 par l’accord cadre de la biodiversité de Kunming Montréal. Les 23 pétales de la fleur du logo de la COP16 représentent les 23 objectifs de l’accord en question. Les 13 autres pétales de la fleur sont respectivement associés aux 13 écorégions prioritaires dans le plan national de développement en Colombie. Le choix de la fleur est porteur d’un message fort car les pétales de l’Inirida ne tombent jamais, comme pour symboliser cette lutte dans laquelle s’inscrivent les Conférences des parties des Nations unies pour la biodiversité : agir pour que la vie sur terre ne s’éteigne jamais.
Il s’agira du plus grand sommet de négociations internationales jamais accueilli par la Colombie où sont attendues près de 200 délégations nationales. Le premier comité exécutif a permis d’établir un premier plan stratégique pour l’organisation logistique de l’événement. La Colombie espère continuer à avancer dans la préparation de cet événement stratégique, le deuxième comité exécutif étant prévu cette première semaine de mars.
Julie DUCOS
- Ce terme renvoie au fait qu’une quinzaine de pays dans le monde, parmi lesquels la Colombie, concentreraient dans leurs forêts, leurs montagnes, leurs déserts ou sur leurs côtes une très importante proportion de la diversité biologique de la planète, qui leur donnerait un certain statut de puissance géopolitique de la diversité. Source : Jean Foyer, Il était une fois la bio-révolution, chapitre II. La biodiversité comme nouvel enjeu de luttes, 2010, pages 67 à 120. ↩︎