À manière de bilan de la 22e édition et dans les préparatifs de la prochaine édition de Belles Latinas qui est déjà en préparation pour la 23e édition du 4 au 9 novembre 2024, nous vous proposons un compte rendu des temps forts de cette manifestions unique en France et de rappeler une fois de plus l’importance de transmettre la culture latino-américaine à travers l’art et en particulier, dans le cas de Belles Latinas, la littérature.
La 22e édition du festival Belles Latinas s’est ouverte le mardi 7 novembre par une conférence à l’École Normale Supérieure de Lyon donnée par Andrés Neuman et Eduardo Fernando Varela et animée par Marina Mestre-Zaragozá. À cette occasion, les deux écrivains nous ont présenté leurs livres respectifs Una vez Argentina et Bariloche pour Andrés Neuman ; La marca del viento et Roca Pelada pour Eduardo Fernando Varela, menant ainsi à un merveilleux échange sur le thème de l’Argentine, des espaces, des frontières, des migrations et de l’identité. Cette conférence s’est clôturée par un concert donné par Nicolás Bonilla, un jeune équatorien qui nous a joué un morceau du musicien argentin Atahualpa Yupanqui et un huayno équatorien, puis par l’inauguration d’une exposition de photographies de l’Argentine prises entre 1971 et 2020 par le photographe Régis Arnaud.
Le lendemain, Andrés Neuman s’est présenté seul à l’Université Lyon 3 pour une conférence, une fois de plus présentée par Marina Mestre et animée par les questions des différents étudiants de l’université pour présenter son livre Naître père, nous exposant ainsi son point de vue sur la paternité puis allant au-delà de son livre dans un échange poétique concernant ses œuvres. Eduardo Fernando Varela a, quand à lui, donné cinq autres conférences concernant son livre Roca Pelada, une à la bibliothèque d’Ecully animée par Christian Roinat, une à Roanne animée par Simon Daveau, puis à la Médiathèque de la Charbonnière animée par Maurice Nahory, à la Médiathèque de Dole animée par Michelle Carbonnaux et enfin à la bibliothèque de Lyon Part-Dieu avec Carmen Yañez pour une conférence animée par Christian Roinat et Marcelline Perrard.
Le caricaturiste mexicain Rafael « Rape» Pineda a participé à une journée d’étude à l’École Centrale de Lyon pour partager son travail autour du roman noir latino-américain et de son rapport à la violence d’état et à l’histoire politique récente de leurs pays respectifs. De même, l’auteur a donné un cours de dessin, une expérience extraordinaire que nous avons pu vivre au centre culturel de Nouveaux Espaces Latinos.
Seul un vrai fan de BD peut retrouver la mémoire graphique et « l’humour historique » chilien, et c’est le cas de Moisés Hasson, collectionneur de romans de science-fiction, fantastiques et populaires, et directeur de la maison d’édition chilienne Nauta Colecciones. Il a présenté dans notre centre culturel l’édition française de son livre Histoire de la BD au Chili à travers les revues de 1858 à nos jours (2023) de la maison d’édition PLG. Il s’est également rendu à l’École Centrale de Lyon pour une conférence animée par Nathalie Pastor ainsi qu’à l’université Jean Monnet à Saint-Étienne pour une conférence animée par Emmanuelle Rimbot.
De son côté, Carmen Yañez nous a fait l’honneur de nous présenter, sous la traduction de Carla Estoppey, son ouvrage Un amour hors du temps paru aux éditions Métailié, qui livre avec passion sa romance avec Luis Sepúlveda et confesse son amour pour le Chili. Au cours de deux rencontres animées par Marcelline Perrard, l’une à la bibliothèque de Lyon Part Dieu le mercredi 15 novembre et l’autre à la Médiathèque de Villefranche-sur-Saône le vendredi 17 novembre, Carmen Yañez a posé un regard plein de poésie et de sagesse sur la société actuelle.
Gervasio Troche a quant à lui accompagné Moisés Hasson lors de la conférence qui s’est déroulée à Saint-Étienne le 16 novembre puis s’est rendu à la Médiathèque de Tarentaize dans le cadre d’une conférence animée par Christian Roinat pour nous présenter son roman graphique intitulé “Equipajes” parut en 2016. Il est aussi intervenu dans différents lycées comme le lycée Fauriel de Saint-Etienne ou encore à la Cité scolaire Hippolyte Carnot à Roanne invité par Maryline Dubruc, durant deux jours consécutifs au cours desquels l’artiste a organisé de nombreux ateliers autour de la création de dessins et de textes avec différentes classes. Gervasio Troche, Uruguayen de naissance fut contraint de fuir son pays natal avec sa famille lors de la dictature en Uruguay. Il a résidé quelques années en France puis fut contraint de quitter le pays une fois de plus. C’est grâce au festival Belles Latinas que l’écrivain a eu l’occasion de remettre les pieds en France ce qui est très important pour lui et rend ce festival d’autant plus symbolique.
Nous avons également accueilli Fernanda Trías, venue présenter son dernier roman, Crasse rose, aux éditions Actes Sud, qui sous la forme d’une dystopie écologique, dépeint une ville ravagée par les déchets et la surconsommation. Nous avons pu rencontrer l’autrice uruguayenne au cours du festival lors de trois rencontres. D’abord à Roanne lors d’une conférence animée par Maryline Dubruc au cours de laquelle elle est venue présenter ses livres “Crasse Rose” et “La ville invisible”, puis lors d’une journée d’étude animée par Sandra Hernandez et Victoria Famin à l’université Lumière Lyon II le jeudi 16 novembre. Pour l’occasion, nous avons pu apprécier les différentes analyses sur l’œuvre de Fernanda Trías par les chercheuses Paula Klein (université Clermont Auvergne), Sophie Marty (université d’Orléans), Pénélope Laurent (Sorbonne université) ainsi que Maria Quesada (université de Lyon II). Fernanda Trías s’est ensuite rendue à Grenoble et a donné deux conférences animées par Raul Caplan à l’université de Grenoble et à la Bibliothèque Municipale Internationale de Grenoble.
Le festival s’est clôturé le vendredi 17 novembre par une conférence organisée en deux tables animée par Marina Mestre et Maurice Nahory. Tout d’abord une table composée de Gabriela Wiener accompagnée de sa traductrice Nathalie Martin et de Delphine Groues puis une seconde table composée de Federica Palomero et de Carlos Manuel Álvarez. Lors de ses interventions à la Mairie de Lyon 3e et à la Maison de l’Amérique Latine à Paris, Gabriela Wiener, écrivaine et journaliste péruvienne, vivant en Espagne a mis en avant son engagement politique et personnel. Son récent livre Portrait Huaco (2023) publié par Métailié, commence par une première scène devant les reliques précolombiennes apportées par son arrière-arrière-grand-père Charles Wiener. Sa recherche dans le passé interprète également son identité fragmentée, qui en même temps réinvente et fait allusion à un thème plus profond et plus social : les conséquences et les traumatismes du colonialisme.
Delphine Groues nous a ensuite parlé de son lien avec le Chili, thème de son livre Cordillera inspiré de son voyage au Chili qui l’a profondément marquée dans lequel elle décrit ses souvenirs de la Cordillère chilienne avec beaucoup de nostalgie. Federica Palomero nous a fait un panorama des Arts latino-américains dans les différents pays après avoir également présenté son œuvre Arte Latinoamericano identidad y alteridad dans une conférence animée par Maurice Nahory. Carlos Manuel Álvarez, écrivain et journaliste cubain exilé à New York, a présenté son livre Les endurants, une collection de profils dans laquelle l’auteur remet en question les valeurs qui ont fondé la nation cubaine dans la révolution et, dans cette perspective, nous montre le visage d’une Cuba post-révolutionnaire. Enfin, la clôture a été marquée par trois concerts donnés par Santiago Becerra Málaga au début, au milieu puis à la fin. La 22ème édition de ce festival nous a rappelé une fois de plus l’importance de transmettre la culture latino-américaine à travers l’art. La 23ème édition est déjà en préparation et accueillera de nouveaux artistes tout aussi talentueux. Au plaisir de vous y retrouver nombreux et nombreuses.
Anaïs GERACI, Carla ESTOPPEY, Maria Luisa ESPINOZA
Voir galerie complète ici