À partir de ce 15 septembre, en présence de Lula et d’Antonio Guterres, les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine qui forment le G77 vont débattre pendant deux jours des défis du développement. Avec la Chine dans le rôle de l’observateur omniprésent.
Photo : Monde Arabe
Le groupe rassemble 134 pays mais on continue à l’appeler G77, du nombre d’États fondateurs en 1964. Le point commun entre tous ces États d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ? Ils se disent éloignés des grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, Union européenne), sans l’être forcément. On les appelait jadis «tiers-monde», puis «pays en développement». Depuis quelques années on les désigne sous l’étiquette «Sud global». Vendredi et samedi se tient à La Havane le premier sommet du G77 depuis dix ans. Ou plutôt du G77+1 : invitée comme observateur, la Chine est représentée par Li Xi, membre du comité permanent du Bureau politique du PCC. Le mot d’ordre officiel de la réunion : «Défis actuels du développement, le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation.»
Une centaine de nations ont annoncé leur présence, et plusieurs dizaines de chefs d’État feront le voyage, dont les présidents du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva, de Colombie Gustavo Petro, de l’Argentine Alberto Fernández. Une intervention du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, inaugurera les débats. Pour beaucoup de représentants, la visite à Cuba est un préambule à leur séjour à New York, où ils assisteront à l’Assemblée générale annuelle des Nations unies, du 19 au 26 septembre.
Contre les «intérêts mesquins»
Cuba, qui assure la présidence tournante du G77 depuis janvier et pour deux ans, a appelé à l’«unité» de ses membres pour lutter contre les «intérêts mesquins de ceux qui veulent maintenir inchangé l’injuste ordre économique actuel». La rencontre s’ajoute à un calendrier chargé de sommets internationaux, certains pays appartenant à tous les clubs à la fois : le Brésil et l’Afrique du Sud sont à la fois membres du G77 et du G20, le cénacle des pays riches. Mais aussi des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) qui sont désormais onze ?
Si l’on ajoute le mouvement des non-alignés, qui épouse quasiment le périmètre du G77 mais vit à son propre rythme (dernière conférence en 2021 à Belgrade), la confusion est totale. Ce qui ne gêne pas Antonio Guterres : « Cette multiplicité de sommets reflète la croissante multipolarité de notre monde », déclarait à la presse fin juillet le patron de l’ONU. Qui trouve une autre qualité au G77 : « C’est le plus grand groupe de pays sur la scène internationale. »
«Remettre sur les rails l’Agenda 2030»
Porte-drapeau historique des non-alignés bien qu’allié fidèle de l’Union soviétique puis de la Russie, Cuba s’est investi de longue date dans ces forums. Il en avait même accueilli un en janvier 1966 : la Tricontinentale, dont l’objectif était de soutenir les peuples dans leurs combats contre les empires coloniaux. La rencontre, très médiatisée à l’époque, fut sans lendemain. Aujourd’hui, l’île communiste mise sur le G77 pour retrouver son lustre de puissance diplomatique, et de faire passer au second plan le naufrage économique qui se traduit par une émigration massive et un effondrement du taux de natalité.
Dans son discours inaugural, Antonio Guterres révèle qu’il s’attachera à « remettre sur les rails l’Agenda 2030 », le programme des Nations unies pour lutter contre la pauvreté et le changement climatique adopté en 2015, et « à placer la science et la technologie au service du bien et à faire en sorte que le multilatéralisme profite à tous les pays ». Un thème ne sera probablement pas sur le tapis : le soutien à l’Ukraine et la condamnation de la Russie, une cause à laquelle les États-Unis et l’Union européenne ne sont pas parvenus à convertir leurs partenaires du Sud global, plutôt séduits par les sirènes de Moscou et de Pékin.
D’après Agences et Libération