Le vendredi 21 juillet dernier, Gabriel Boric a assisté à l’avant premier du film documentaire Revoir l’ambassade – Chili 1973 à la Maison de l’Amérique latine de Paris. Anne Husson, la directrice culturelle, a salué en introduction la présence du président à un acte très symbolique qui s‘inscrit dans les manifestations en France autour des 50 ans du coup d’État militaire au Chili le 11 septembre 1973. Plusieurs membres de notre équipe y étaient. L’émotion aussi.
Photo : Thomas Lalire – Visionner la video
« Monsieur le Président de la République du Chili, Madame et Messieurs les Ministres, Monsieur l’ambassadeur du Chili en France, Madame et Monsieur la-le député, Madame la directrice des Amériques et des Caraïbes du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, chers amis, « queridos amigos, buenas tardes a todos ». Alain Rouquié, le président de la Maison de l’Amérique latine, en son absence, m’a chargée de vous souhaiter une bienvenue chaleureuse dans cette Maison, qui est la vôtre. Alors bienvenu chez vous, Monsieur le Président, c’est un immense honneur pour nous de vous accueillir ici. Comme nous le savons tous, la France aime le Chili et le Chili aime la France, depuis longtemps. Un symbole éminent de cette amitié : le grand poète d’avant-garde du XXe siècle, Vicente Huidobro, à l’ombre duquel la Maison de l’Amérique latine s’est abritée le temps que dura une belle exposition nommée d’après son poème majeur Temblor de cielo/Tremblement de ciel, au titre si prophétique… Huidobro écrivait indistinctement en français et en espagnol et publia en français et à Paris (1917) le recueil Horizon Carré. Il participa aux dernières batailles de la Seconde guerre mondiale, ayant rejoint l’armée française qui lui conféra le grade de Capitaine. C’est de ses blessures au combat qu’il mourra finalement au Chili, en 1948.
Dans le désordre de l’admiration et de l’amitié, je voudrais citer quelques noms d’amis chiliens de la Maison de l’Amérique latine, qui ont croisé leur chemin avec le nôtre à un certain moment de nos vies respectives, Pablo Neruda évidemment, la famille Parra (Violeta, Nicanor, Angel, Isabel), la famille Matta (Roberto, Federica, et Ramuntcho), Enrique Zañartu, Eugenio Tellez, récemment exposé en nos murs, Paz Errázuriz qui le sera prochainement, Vivian Sheihing, Voluspa Jarpa, Carlos Araya, mais aussi José Donoso, Gonzalo Rojas, Roberto Bolaño, Raúl Zurita, Jorge Edwards, Waldo Rojas, Armando Uribe, Francisco Coloane, Luís Sepúlveda, Valeria Sarmiento, Raúl Ruiz, Carmen Castillo, Alejandro Jodorowski, Patricio Manns, Les Quilapayun, L’Association des Ex-prisonniers politiques chiliens, et tant et tant d’autres…
Rendre hommage ici aujourd’hui à l’ambassadeur Pierre de Menthon et à son épouse Françoise, en présence des membres de leur famille, en projetant le film Revoir l’Ambassade, Chili 1973, réalisé par Thomas Lalire et Benoît Keller, en commémoration des 50 ans du coup d’État au Chili, et bien !, le lieu ne pouvait être mieux choisi. En effet, la Maison de l’Amérique latine, voulue par le général de Gaulle, est une création de la résistance dans laquelle la famille de Menthon au grand complet s’est grandement illustrée.
Et puis, comment ne pas penser au film pionnier de Chris Marker, L ’Ambassade, réalisé en 1973, dont on devine qu’il fut directement inspiré par l’action exemplaire des époux de Menthon envers les quelques centaines d’opposants chiliens et étrangers venus se réfugier à l’ambassade de France les jours qui suivirent ce sombre 11 septembre à Santiago.
Oui, ce soir, Le fond de l’air n’est pas rouge*, il est bien sûr franco-chilien… Il y a quelques jours nous rendions hommage dans cette même salle à notre regretté membre fondateur et ami, le professeur Alain Touraine, qui avait le Chili au cœur. Il avait écrit il y a quelques années, un article dont le titre était une question : « Le Chili renaît-il ? » Avec vous, Monsieur le Président, nous avons la réponse clairement positive à la question d’Alain Touraine.
Anne HUSSON
Traduction du texte du président Le discours est accessible en ligne ici.
*allusion au film culte de Marker Le fond de l’air est rouge