Ce dimanche 25 juin 2023 se tenait le premier tour des élections au Guatemala, pays jugé l’un des plus inégalitaires d’Amérique Latine par la Banque Mondiale. Les résultats officiels ont révélé, contre toute attente, deux candidats socio-démocrates au deuxième tour, qui se tiendra le dimanche 20 août.
Photo : La Prensa
Tous les 4 ans ont lieu au Guatemala les élections, qui servent à élire non seulement un président et son vice-président, mais aussi 160 députés au Congrès de la République; 340 maires; et 21 représentants au parlement centraméricain, dont le président sortant. Cette année, il s’agit d’Alejandro Giammattei, qui est à la tête du pays avec son parti Vamos depuis le 14 janvier 2020. Son gouvernement a entraîné de nombreuses protestations, tout comme les deux qui l’ont précédé (Jimmy Morales et Alejandro Maldonado Aguirre). Le pays se trouve dans une situation de démocratie “fatiguée”, marquée par la répression et l’inégalité: par exemple, le taux de meurtres y est trois fois plus élevé que la moyenne mondiale. De plus, 10,3 millions des 17,6 millions d’habitants du Guatemala vivent sous le seuil de pauvreté, et la moitié des enfants du pays souffrent de dénutrition chronique.
S’ajoute à cela la répression menée par le président sortant Alejandro Giammattei, contre les magistrats et les journalistes dénonçant sa corruption. Il s’est trouvé désavoué à 76% par les sondages au terme de son mandat: la population guatémaltèque fait opposition à ses actes, et cherche sans doute du renouveau. Le candidat à la présidentielle Edmond Mulet, qui se déclare centriste, a d’ailleurs déclaré: “Nous sommes en train de glisser peu à peu vers un modèle autoritaire. Je ne dis pas une dictature, pour le moment, mais autoritaire, sur le modèle du Nicaragua”.
Les résultats officiels ont révélé, contre toute attente, deux candidats socio-démocrates au deuxième tour, qui se tiendra le dimanche 20 août. En effet, l’ancienne Première dame Sandra Torres et le fils d’un ancien président Bernardo Arévalo ont reçu respectivement 15,7 et 11,8% des votes. C’est une surprise pour Arévalo, qui était placé huitième des vingt-deux candidats dans les sondages, avec 2,9% d’intentions de vote. Quant à Torres, elle était la favorite de ces élections, mais elle n’a tout de même pas atteint les 21,3% d’intentions de vote prévus pour elle. Cependant, il est important de noter que, sur les 9,4 millions d’électeurs inscrits, plus de 40% se sont abstenus; 17,4% ont voté nul; et près de 7% ont voté blanc. Le peuple guatémaltèque s’est exprimé à sa façon: le 20 août, il choisira définitivement son président pour les 4 prochaines années.
Jasmine LATOUR