Le gouvernement hondurien organise aujourd’hui un acte public de reconnaissance de responsabilité internationale. L’État du Honduras admet officiellement sa responsabilité dans l’exécution extrajudiciaire du leader syndical Herminio Deras en 1983, ainsi que pour la torture, le harcèlement et les menaces perpétrés contre son épouse, ses enfants, ses frères, ses parents, ses oncles, ses neveux et ses cousins pendant plus de trente ans.
Photo : Radio Honduras
Le 12 juin 2023 l’État du Honduras reconnaît sa responsabilité dans l’un des événements les plus violents de son histoire : l’assassinat du dirigeant syndical Herminio Deras en 1983, ainsi que les actes de torture, de harcèlement et de menaces contre sa famille au cours des trente années qui ont suivies. À cette occasion, le gouvernement hondurien organise un événement public à El Progreso, la ville où vivait Herminio Deras avant d’être assassiné par des agents de l’État et où beaucoup de ses proches vivent encore. L’événement, qui comprendra des activités culturelles en l’honneur de Herminio ainsi que la reconnaissance officielle de la responsabilité de l’État, sera célébré par des membres de la famille et des ami⋅es de Herminio, des habitant⋅es d’El Progreso, et des autorités du gouvernement hondurien, y compris des représentant⋅es de la Présidence, du ministère de l’Éducation, du ministère des Droits humains du Honduras et du Parquet général de la République.
« En mémoire de nos morts et pour le repos éternel de leurs âmes, nous accueillons avec satisfaction l’acte de reconnaissance publique de la responsabilité de l’État dans la mort d’Herminio et les violations des droits humains infligées à notre famille. Que cela marque le début de ses obligations envers la sentence, » a souligné la famille Deras. « Que l’histoire d’Herminio et de la violence survenue au Honduras soit incluse dans les programmes scolaires est quelque chose d’important pour nous, comme une garantie que Herminio et sa lutte ne seront pas oubliés, » ont-ils ajouté. Pour Jimena Reyes, directrice du programme Amériques pour la FIDH (Fédération internationale pour les droits humains), « La reconnaissance publique dans l’affaire Herminio Deras est historique et revêt une importance particulière compte tenu du contexte des assassinats qui continuent d’avoir lieu au Honduras, en particulier contre les défenseur⋅es des droits et les leaders sociaux. »
Une reconnaissance et une réparation d’ampleur historique
Cet événement est le résultat d’un jugement notifié le 3 octobre 2022 par la Cour interaméricaine des droits de l’homme (Cour IDH), où la FIDH et son organisation membre COFADEH (Comité des familles de détenus et disparus du Honduras) ont représenté la famille Deras. L’affaire a fait l’objet d’une audience publique les 11 et 12 mai 2022 à San José, au Costa Rica. De plus, la Cour a ordonné à l’État de concevoir une politique nationale de mémoire historique, d’adapter le Code pénal en vigueur, de créer et de mettre en œuvre une politique de préservation des archives et des sites relatifs aux violations des droits humains commises entre les années 1980 et aujourd’hui, d’intégrer dans les programmes d’enseignement primaire et secondaire l’histoire de la violence survenue au Honduras, et de fournir des soins médicaux et psychologiques, entre autres réparations.
L’assassinat de Herminio Deras est un cas emblématique de la Doctrine de Sécurité Nationale des années 1980, période pendant laquelle l’État a persécuté violemment et systématiquement les opposant⋅es politiques. Avant son assassinat, Herminio, qui avait été le deuxième Secrétaire du Parti Communiste, conseiller syndical, membre du Parti Communiste et éducateur, avait été poursuivi à plusieurs reprises et sa famille harcelée, y compris par des arrestations arbitraires, des perquisitions et des tirs en direction de son domicile. Après sa mort, le harcèlement et la persécution de l’État envers sa famille ont continué : ses enfants, ses frères, ses parents, ses oncles, ses neveux et ses cousin⋅es – y compris quatre enfants – ont été arrêté⋅es arbitrairement par des agents de l’État. Les menaces de mort et les tortures physiques et psychologiques que beaucoup ont subis ont conduit plusieurs membres de la famille à quitter le pays. La FIDH et la COFADEH attendent du gouvernement hondurien la poursuite rapide de la mise en œuvre de toutes les réparations ordonnées par le jugement et qu’il continue de progresser dans la protection et la défense des droits humains pour tous⋅tes. Le Honduras est un pays où la violence contre les défenseurs des droits humains persiste et la FIDH reste très vigilante.
D’après la Fédération internationale pour les droits humains