Du 6 au 18 novembre, chefs d’État, ministres et négociateurs, mais aussi des militants pour le climat, des maires, des représentants de la société civile et des chefs d’entreprise se sont réunis dans la ville côtière égyptienne de Charm el-Cheikh pour le plus grand rassemblement annuel sur l’action climatique. Un premier bilan.
Photo : ONU Presse
Antonio Gutierres, le Secrétaire de l’ONU a déclaré que la COP27 devait déposer un « acompte » sur les solutions climatiques qui répondent à l’ampleur du problème. Mais, est-ce que les dirigeants seront à la hauteur ? Les COP sont les plus grandes et les plus importantes conférences annuelles sur le climat de la planète. En 1992, l’ONU a organisé le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, au Brésil, au cours duquel la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique a été adoptée et son agence de coordination – que nous connaissons maintenant sous le nom d’ONU Climat – a été mis en place.
Dans ce traité, les nations ont convenu de « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour empêcher toute interférence dangereuse de l’activité humaine sur le système climatique ». Jusqu’à présent, 197 parties différentes l’ont signé. Depuis 1994, date à laquelle le traité est entré en vigueur, l’ONU réunit chaque année presque tous les pays de la planète pour des sommets mondiaux sur le climat ou « COP », qui signifie « Conférence des Parties ».
Au cours de ces réunions, les nations ont négocié diverses extensions du traité initial pour établir des limites d’émissions juridiquement contraignantes, par exemple, le Protocole de Kyoto en 1997 et l’Accord de Paris adopté en 2015, dans lequel tous les pays du monde ont convenu d’intensifier leurs efforts pour essayer de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des températures préindustrielles et renforcer le financement de l’action pour le climat.
En quoi la COP27 est-elle différente des autres COPs ?
La COP26 de l’année dernière, qui a eu lieu cinq ans après la signature de l’Accord de Paris (un an a été sauté en raison de la pandémie de Covid-19), a culminé avec le Pacte climatique de Glasgow, qui a maintenu l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius, mais « avec un pouls faible », comme l’a déclaré la Présidence britannique de l’époque. Des progrès ont été réalisés pour rendre l’Accord de Paris pleinement opérationnel, en finalisant les détails de sa mise en œuvre pratique, également connue sous le nom de Règlement de Paris. Lors de la COP26, les pays ont convenu de prendre des engagements plus forts cette année, y compris des plans nationaux actualisés avec des objectifs plus ambitieux. Cependant, seuls 23 pays sur 193 ont soumis leurs plans à l’ONU jusqu’à présent.
Glasgow a également vu de nombreuses promesses faites à l’intérieur et à l’extérieur des salles de négociation concernant notamment les engagements concernant le net zéro, la protection des forêts et le financement climatique. Selon sa Présidence, la COP27 consistera à sortir des négociations et à « planifier la mise en œuvre » de toutes ces promesses. L’Égypte a appelé à une action complète, opportune, inclusive et à grande échelle sur le terrain. Selon les experts, outre l’examen de la mise en œuvre du Règlement de Paris, la conférence verra également des négociations sur certains points non réglés après Glasgow. Toutes ces discussions ouvriront la voie au premier bilan mondial lors de la COP28, qui évaluera en 2023 les progrès collectifs mondiaux sur l’atténuation, l’adaptation et les moyens de mise en œuvre de l’Accord de Paris.
La poignée de main entre Macron et Maduro à la COP27
La rencontre entre le président français et son homologue vénézuélien dans les couloirs de la grande conférence sur le climat semble confirmer le regain de popularité du dirigeant chaviste sur la scène internationale. Et le rôle que veut jouer la France dans une éventuelle reprise du dialogue avec l’opposition en vue d’élections au Venezuela. L’échange entre Emmanuel Macron et Nicolás Maduro fut bref dans les couloirs de la COP27. Mais leur poignée de main, lundi 7 novembre, a été décortiquée sous tous les aspects par la presse vénézuélienne, tant elle semble confirmer le regain de popularité du dirigeant chaviste et la carte que veut jouer la France dans une éventuelle reprise des dialogues en vue d’élections dans le pays sud-américain.
« Mercis ». Quitte à être pris au dépourvu par un événement autant donner l’impression d’en être l’instigateur. C’est ce qu’a dû se dire Emmanuel Macron en lançant le dialogue sur un « comment ça va chez vous ? » des plus neutre. Le temps que la traductrice fasse son œuvre, Nicolas Maduro répond « très bien, chaque jour de mieux en mieux. Quand venez-vous chez nous ? ». Et c’est vrai que la conjoncture sourit plutôt à l’homme fort de Caracas ces derniers temps avec l’arrivée au pouvoir de la gauche au Chili, au Pérou et prochainement au Brésil, suite à la récente élection de Lula. Comme il le dit avec satisfaction à Emmanuel Macron, ils ont désormais « de très bons amis en commun ». « Le continent est en train de se recomposer et il y a un chemin à trouver. Ce serait bien que l’on puisse prendre un moment pour en parler », lui répond d’une manière absconse l’hôte de l’Élysée, fidèle à lui-même. Qu’importe, pour Nicolas Maduro — qui lui suggère de s’adresser à son délégué à la COP 27, le président de l’Assemblée constituante vénézuélienne, non reconnue par les Occidentaux — il a vécu une minute trente de vrai bonheur et multiplie les « mercis ». En français, s’il vous plaît ! Le président vénézuélien profite de la division de ses opposants, sur fond d’une vague électorale de la gauche en Amérique latine et des prémices d’une reprise économique
LULA A LA COP27
Ce sera son premier voyage officiel depuis sa réélection. Le nouveau président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, a annoncé jeudi qu’il se rendra lundi 14 novembre à la COP27 en Égypte. « J’aurai plus de discussions avec des dirigeants mondiaux en une seule journée que Bolsonaro en quatre ans », a attaqué Lula lors d’un discours face à des députés à Brasilia. Après la COP27, Lula doit se rendre le 18 novembre au Portugal, où il sera reçu par le président Marcelo Rebelo de Sousa et le Premier ministre Antonio Costa, selon la presse brésilienne, qui cite des sources diplomatiques portugaises. À suivre de notre prochaine édition.
D’après ONU et agences de presse