Le film « Regra 34 », réalisé par la Brésilienne Julia Murat, remporte la compétition internationale du 75e Locarno Film Festival et se voit décerner le Léopard d’or. Le film costaricain « Tengo Sueños Eléctricos » est primé trois fois.
Photo : Festival de Locarno
Regra 34 ramène le cinéma brésilien à la splendeur anarchique du « cinéma mrginal ». Une œuvre audacieuse et politique qui enverra un signal important. Le corps est politique », a relevé Giona Nazzaro, le directeur artistique du Locarno Film Festival samedi à Locarno. Il s’agit du troisième long-métrage de fiction de Julia Murat, 43 ans, après Found Memories (2011) présenté à Venise et Pendula (2017) à Berlin. Le personnage principal, Simone, une étudiante en droit, cherche un moyen de lutter contre la violence dans son pays, le Brésil. Elle se concentre sur les violences faites aux femmes et liées à la prostitution.
À l’université, Simone débat de ce sujet sur le plan juridique et moral avec ses professeurs et ses camarades. En privé, elle cherche à comprendre les mécanismes de la violence et du sexe: l’étudiante se transforme en « cam girl », une fille qui fait payer ses séances de strip-tease sur Internet. Pour certains critiques, la démonstration du film est affaiblie par une violence excessive montrée à l’écran. Cela n’a pas retenu le jury, présidé par l’ancien producteur genevois Michel Merkt.
Un autre Costa Rica
La jeune actrice costaricaine Daniela Marin Navarro reçoit le Prix de la meilleure interprétation féminine dans « Tengo Sueños Eléctricos » (J’ai des rêves électriques »), le premier long-métrage de Valentina Maurel. Daniela Marin Navarro incarne Eva, une ado de 16 ans qui doit choisir d’aller vivre chez son père ou chez sa mère, après leur divorce. Le Prix de la meilleure interprétation masculine revient à un autre acteur du Costa Rica, Reinaldo Amién Gutiérrez. Il incarne le père dans « Tengo Sueños Eléctricos », un père aussi aimant que violent.
Le jury semble avoir apprécié ce film puisqu’il a encore reçu le Prix de la mise en scène. La réalisatrice Valentina Maurel, 34 ans, a voulu explorer la relation père-fille, de la classe moyenne urbaine. « Ce qui rompt avec l’idée européenne d’un pays tropical – le Costa Rica -, qui implique presque toujours des histoires liées à la drogue dans des quartiers délabrés », a-t-elle déclaré dans « Cineuropa ». Le film italien « Gigi la legge » (Gigi la loi) du réalisateur Alessandro Comodin repart lui avec le Prix spécial du jury. Le réalisateur suit un policier d’âge moyen, dans une sorte de huis clos qui se déroule presque uniquement dans sa voiture.
Dix-sept films en compétition
Dix-sept films ont été sélectionnés pour cette 75e édition du Festival du film de Locarno. Un seul film suisse concourait dans cette catégorie: « De noche los gatos son pardos » (La nuit, tous les chats sont gris) du réalisateur zurichois Valentin Merz, qui repart avec une mention spéciale dans la catégorie « Premiers films ». Une équipe tourne un film libertin en costumes à la campagne lorsque Valentin, le réalisateur, disparaît.
Dans la catégorie « Cinéastes du présent », la réalisatrice slovaque Tereza Nvotová a remporté un Léopard d’or pour son film « Svetlonoc » (« Sirène de nuit »). Elle raconte l’histoire d’une jeune femme qui retourne dans son village natal dans les montagnes. Elle y cherche des réponses à des questions qui remontent à son enfance difficile. Le prix spécial dans la même catégorie a été décerné à Christina Tynkevych pour « Yak Tam Katia? » (« Comment va Katia? »), celui du meilleur jeune metteur en scène à Juraj Lerotić pour « Sigurno Mjesto » (« Place sûre »). Ce dernier a également remporté le prix du meilleur premier film.
Le rideau tombe
La 75e édition du Festival du film de Locarno se termine samedi soir avec la projection sur la Piazza Grande du documentaire sur l’écrivain alémanique « Alles über Martin Suter. Ausser die Wahrheit » (Tout sur Martin Suter. Sauf la vérité) d’André Schäfer. Après 11 jours, les amateurs de cinéma ont pu découvrir 226 films au cours de 471 projections dans toutes les salles de cinéma de Locarno et d’Ascona. La Piazza Grande a pu à nouveau accueillir 8 000 spectateurs tous les soirs après deux éditions anémiées par la pandémie.
ATS