Le 26 juillet dernier, Mme Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, a émis une déclaration à l’occasion de la journée internationale pour la conservation de l’écosystème de la mangrove.
Photo : Unesco – Paris
« Les mangroves sont un trait d’union entre terre et mer : enracinés dans des sols livrés aux marées, salés et pauvres en oxygène, les palétuviers et une grande variété de plantes y forment un univers rare et fragile, un havre de vie qu’il nous faut protéger. Car des entrelacements de racines au sommet des branches, dans un habitat complexe, nombreuses sont les espèces qui viennent se nourrir ou se reproduire, formant ensemble un des écosystèmes les plus foisonnants qui existent.
Nous-mêmes, humains, dépendons de ces milieux qui freinent l’érosion des côtes et constituent une source d’alimentation pour beaucoup. C’est sans doute pour cela que le poète colombien Tomas González en a fait le symbole de son recueil Mangroves, qui appelle à retrouver l’unité essentielle de la nature : « pour que les arbres d’abord se dessinent, puis s’effacent et se fondent dans l’air, le paysage derrière, les vasières/ (…) pour que le fou de Bassan se jette contre la mer, dans un instant saupoudré de sel, de soleil, éblouissements/et pour que la mer enfin, brille d’abord et à nouveau se confonde avec la terre ».
Les mangroves sont pourtant en danger : on estime ainsi que plus de trois quarts des mangroves dans le monde sont aujourd’hui menacées et avec elles tous les équilibres qui en dépendent. C’est pourquoi l’Unesco agit pour les protéger, comme d’autres écosystèmes précieux de carbone bleu, à travers ses géo parcs, ses sites du patrimoine mondial et ses réserves de biosphère.
Mais face à l’urgence climatique, le temps presse et il faut aller plus loin encore car les mangroves sont aussi des puits de carbone dont nous ne pouvons-nous passer. C’est pourquoi dès le mois prochain, nous lancerons un nouveau projet de restauration des mangroves dans sept pays d’Amérique latine : en Colombie, à Cuba, en Équateur, au Salvador, au Mexique, au Panamá et au Pérou. Ce projet sera non seulement porteur d’opportunités économiques pour les communautés locales, mais encore permettra un échange et un partage de connaissances entre les populations locales et autochtones, et la communauté scientifique.
Au-delà de la protection et de la restauration, c’est d’une prise de conscience massive dont nous avons besoin. Pour cela, il faut éduquer et sensibiliser, non seulement dans les écoles, mais partout où cela est possible. C’est l’esprit de l’exposition que nous avons conçue pour le Musée national des sciences de Thaïlande et qui s’exporte désormais à travers le monde, car c’est aussi en montrant et en expliquant les mystères des mangroves que nous pourrons les préserver durablement.
C’est tout l’objectif de cette Journée que l’ensemble des acteurs de nos sociétés prennent conscience de la valeur, de la beauté, mais aussi de la vulnérabilité des écosystèmes des mangroves et s’engagent pour les protéger.
Service de Presse – Unesco – Paris