L’euro député originaire de Blois, Claude Gruffat, revient d’Amazonie avec deux autres élus écologistes Michèle Rivasi (France) et Anna Cavazinni (Allemagne). Il témoigne de sa stupéfaction et de ce que l’Europe peut faire.
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À l’heure où de nombreuses personnes partent en voyage pour s’évader, l’eurodéputé écologiste et Blésois Claude Gruffat a passé deux semaines en Amazonie. Une mission collective partagée avec deux autres eurodéputés du groupe Vert-Ale au parlement européen, Michèle Rivasi et Anna Cavazinni, afin de se rendre compte des réalités avant les débats sur l’accord comercial entre l’Europe et les pays du Mercosur, Argentine, Uruguay, Paraguay). Voici les premiers impressions recueillis par le journal La Nouvelle République de Loir-et-Cher.
Quels ont été les moments forts de cette mission ?
« Je ne reviens pas avec de bonnes nouvelles pour les consommateurs européens. J’ai découvert à quel point les pesticides que l’on fabrique chez nous (même s’ils y sont interdits) pour les leur envoyer empoisonnent l’Amazonie, les peuples indigènes et les produits comme le café ou le jus d’orange qu’ils exportent ensuite en Europe. J’ai aussi découvert le scandale de l’orpaillage sauvage, qui est interdit mais en survolant la forêt comme nous l’avons fait, on en découvre plus de 1 300 sites ! 80 % de l’or qui sort du Brésil est illégal : aucune règle n’est respectée et le mercure utilisé est relâché totalement illégalement dans la nature ; alors qu’avec l’orpaillage légal environ 70 % est récupéré. L’empoisonnement des enfants est terrible. Il faut que l’on impose d’autres méthodes et que les acheteurs d’or européens fassent l’effort de vérifier la provenance. Sinon on a forcément du sang d’indigènes sur les mains ! »
Qu’est-ce qui vous a le plus frappé ?
« L’ampleur de l’horreur. La forêt amazonienne est immense, et les dégâts pour l’environnement et les populations sont dans des volumes et des proportions marquantes. Par exemple pour le bois, j’ai été surpris des proportions. 90 % du bois exporté par le Brésil est illégal. Les certifications sont bidon, on fait de la déforestation illégale. La principale cause en est l’élevage et là pareil, même au niveau du commerce intérieur du Brésil, on ne peut savoir d’où vient la viande, quel éleveur est responsable. Des frigoristes achètent la viande et à partir de là il y a une traçabilité, mais en amont on ne sait rien, c’est très choquant de la part de grands distributeurs connus. »
Que peut faire l’Europe pour y remédier ?
« Le Brésil et les pays du Mercosur ont besoin de l’Europe pour moraliser les pratiques, ils nous le demandent haut et fort ! Si nous n’achetons plus ce qui est illégal, nous avons franchement les moyens de faire bouger les choses. Il nous faut aider le Brésil à résoudre ses problèmes de déforestation en exigeant des certifications et des traçabilités éprouvées. Quand on vit en Europe, on n’entend pas cela. À nous d’imposer d’autres méthodes. »
D’après La Nouvelle République