Homosexualité masculine et santé mentale féminine, le festival off accueille deux spectacles venus du Brésil qui arpentent les marges de nos sociétés.
Photo : PJ Avignon
Deux troupes brésiliennes proposent de pénétrer des territoires souvent laissés dans l’ombre. Pour Tom, c’est un univers rural, austère, qui l’attend lorsqu’il part aux funérailles de son amoureux. Comment annoncer dans ce contexte une vérité inacceptable pour les membres de la famille du défunt ? Le texte écrit par le canadien Michel Marc Bouchard est interprété sur un plateau nu, simplement recouvert d’une boue qui va s’épaissir au fur et à mesure des affrontements qui vont traverser la ferme. Entre spirale du mensonge et difficulté à affirmer sa différence, Tom à la ferme, mis en scène par Rodrigo Portella et porté par quatre interprètes, montre comment « tout tourbillon qui dévaste la vie des individus qui fuient les normes surgit du noyau de leur propre famille ».
L’art pour subvertir l’isolement
Une femme au soleil est mis en scène par Ivan Sugahara et interprété par María Augusta Monteira et Danielle Oliveira. Cette dernière travaille depuis quelques années sur les questions de santé mentale et a choisi de porter à la scène l’univers de l’écrivaine Maura Lopes Cançado, dont les écrits autobiographiques évoquent ses séjours en hôpital psychiatrique. Spectacle mêlant théâtre, danse et mime, Une femme au soleil met en scène les dédoublements de l’autrice en des personnages qu’elle a créés lors de ses expériences de confinement. Une manière également, hautement d’actualité, d’envisager l’art comme « moyen de subvertir l’isolement ».
Éric DEMEY