Selon des données officielles citées par la Commission interaméricaine des droits de l’Homme, au moins 21 personnes seraient mortes pendant leur privation de liberté, dont la moitié ont été battues à mort.
Photo : La Nación
La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a critiqué ce vendredi la « suspension des droits » au Salvador en raison de la prolongation de l’état d’urgence dans le pays et a exigé que le gouvernement de Nayib Bukele améliore les conditions « déplorables » dans dont les milliers de détenus. « La CIDH appelle l’État salvadorien à adopter les mesures nécessaires pour réduire la surpopulation par l’application de mesures alternatives à la privation de liberté, ainsi qu’à garantir des conditions de détention décentes », a déclaré l’agence dans un communiqué.
Le Congrès salvadorien a approuvé le régime d’urgence fin mars et l’a prolongé jusqu’à fin juin pour conférer des pouvoirs spéciaux au gouvernement Bukele pour mener sa « guerre contre les gangs » après une escalade des homicides. La Commission a expliqué qu’elle était « préoccupée » par les extensions du régime d’exception et « les restrictions des droits de l’homme qui en découlent », car « la suspension des garanties ne constitue pas un moyen de faire face à la criminalité de droit commun ».
Il a également condamné « les conditions de détention déplorables » qui existent dans les prisons salvadoriennes, comme l’a constaté l’agence lors d’une visite dans le pays en 2019, et qui auraient été « aggravées » sous le régime d’urgence. Selon les données officielles citées par la CIDH, plus de 36 000 personnes auraient été détenues sous le régime d’urgence, et au moins 21 seraient mortes pendant leur privation de liberté, dont la moitié ont été battues à mort.
L’agence a rappelé à l’État salvadorien qu’il a « l’obligation légale inéluctable » de garantir la vie, la santé et l’intégrité des personnes arrêtées, et a exhorté à réduire la surpopulation, à offrir une bonne nourriture et des soins médicaux, et à faciliter les visites dans les prisons. En outre, il a reproché « le manque d’informations publiques et précises » sur les arrestations et a exhorté El Salvador à « s’acquitter de son obligation d’informer immédiatement » la personne détenue, sa famille et ses représentants des motifs de l’arrestation. Et c’est que l’agence a reçu des informations de la société civile sur des arrestations massives arbitraires, basées sur l’âge, le statut socio-économique et l’apparence physique, comme le fait d’avoir des tatouages.
Source : DW