Le défi du multum in parvo : le labyrinthique « 2666 » de Roberto Bolaño se réincarne avec les Éditions de l’Olivier

2666, ce sont des milliers de pages où il se passent des milliers de choses racontées par des milliers de personnages. Caractérisé de roman fleuve, de roman total, il s’agit plutôt d’un roman vie. Autrement dit, il s’agit d’un roman de toute une vie, mais aussi d’un roman qui englobe tout ce qu’une vie peut offrir. Roberto Bolaño y brasse librement les genres, les registres, les voix : « je crois que mon roman comporte autant de lectures qu’il contient de voix. Il peut se lire comme une agonie. Mais aussi comme un jeu ».

Photo : Editons Bourgois

Roberto Bolaño est né à Santiago du Chili en 1953. Il quitte son pays natal en 1973 après le coup d’état qui renverse Salvador Allende, s’installe en Espagne et commence à publier des poèmes. S’il ne délaissera jamais la poésie, il se fait connaître par ses romans et nouvelles: La Littérature nazie en Amérique, Étoile distante, Nocturne du Chili, ou encore le livre-culte Les Détectives Sauvages qui reçoit en 1998 et 1999 les prestigieux prix Heralda et Rómulo Gallegos. Roberto Bolaño a acquis avec les années un statut colossal au sein d’une littérature contemporaine qu’il a grandement influencée.

Il meurt en 2003, laissant en partie inachevé un roman « monstrueux », instantanément considéré comme le geste littéraire le plus marquant du début du siècle. On y retrouve, amplifiées, toutes les obsessions de son auteur : quatre universitaires partent à la recherche de Benno von Archimboldi, un mystérieux écrivain allemand dont l’oeuvre les fascine. Leur quête les mènera à Santa Teresa, ville mexicaine inspirée de Ciudad Juárez, où les féminicides déciment la population.

Mais, comme toujours avec l’auteur des Détectives sauvages, le roman d’aventures est un trompe-l’oeil, une fausse piste lancée au lecteur pour l’amener vers un roman apocalyptique, où la condition humaine est habitée, voire rongée, par le Mal. Le texte oscille alors d’une énigme à l’autre, d’une découverte macabre à l’autre, s’enfonçant dans le désert, dans des territoires incertains entre le Mexique et l’Amérique, frontière qui cristallise et détruit les espoirs. Chef-d’oeuvre à l’écriture incomparable, 2666 est sans doute le roman le plus audacieux de Roberto Bolaño.

Les Éditions de l’Olivier ont commencé à publier les oeuvres complètes de Bolaño en octobre 2019.

Fiche rédigée par l’éditeur