Marcello Quintanilha est un auteur de bande dessinée connu pour ses histoires autour du quotidien des Brésiliens. Il a été plusieurs fois primé par les grands festivals du Brésil, dont la Biennale internationale de la BD à Rio (1991 et 1993), les festivals de l’Humour de Ribeirao Preto (1991) et de Rio (1999). Sa renommée est désormais internationale : le 19 mars 2022, il remporte le Fauve d’Or à Angoulême. Livres Hebdo a rencontré l’auteur et nous reproduisons l’interview, précédée d’une présentation de l’artiste brésilien.
Photo : Festival d’Angoulême
Né au Brésil en 1971 à Niteroi dans l’État de Rio de Janeiro, Marcello Quintanilha (il utilisait aussi le pseudonyme de Marcello Gaù), vit et travaille actuellement en Espagne (Barcelone). Autodidacte, il a débuté dans la profession de dessinateur de BD en 1988 en mettant en images des récits d’épouvante pour des éditeurs brésiliens à São Paulo et à Rio. En 1990, il s’est investi dans le cinéma d’animation et il a participé à plusieurs réalisations institutionnelles et publicitaires. À partir de 1998, comme dessinateur de presse, il a collaboré aux principaux périodiques brésiliens d’informations politiques et culturelles (Repùblica, VIP, A Revista…), ainsi qu’au fameux magazine américain Heavy Metal. Il a par ailleurs illustré de nombreuses couvertures de livres et pochettes de CDs. Connu pour avoir développé un style de bande dessinée proche du quotidien des Brésiliens, Marcello Gaú a été plusieurs fois primé par les grands festivals du Brésil, dont la Biennale internationale de la BD à Rio (1991 et 1993), les festivals de l’Humour de Ribeirao Preto (1991) et de Rio (1999).
Vous avez remporté le Fauve d’Or d’Angoulême le 19 mars dernier. Que représente pour vous ce prix ?
Je ne dirai pas que je suis triste ! Rien qu’être nominé était déjà une victoire pour moi. En fait, je suis étonné. Pour un artiste, recevoir le Fauve d’Or, c’est vraiment atteindre le top dans sa carrière. Je ne pensais pas qu’une histoire avec une culture brésilienne puisse recevoir ce prix.
Pourtant vous abordez dans votre album des thèmes universels comme l’amour…
Certains thèmes et sentiments sont en effet universels et peuvent toucher un public non brésilien. Je parle de l’amour et de la difficulté des relations entre les humains. Il y a toujours une part de violence dans les relations.
L’amour et la violence parcourent votre album, les deux sont-ils indissociables pour vous ?
Dans la société brésilienne, il est impossible de ne pas montrer la violence. Surtout dans les endroits où l’État n’est pas présent comme les favelas. J’avais envie de communiquer sur l’amour, l’amitié et la confiance qui sont des valeurs importantes. Mais parfois, nous sommes amenés dans la vie à faire des choix extrêmes. C’est également ce dont j’ai voulu parler.
Pourquoi était-ce plus difficile dans les années 80 ?
J’avais par exemple montré un travail à un éditeur brésilien où je parlais de la classe ouvrière. Il m’avait répondu qu’on voyait trop de la pauvreté dedans et que ça n’allait pas plaire. Et pourtant, le sujet de mon album n’était pas sur la pauvreté.
Comment s’est passée votre collaboration avec les éditions Çà et Là ?
J’ai vu leur travail sur internet puis je leur ai proposé mon projet Tungstène. Depuis nous travaillons ensemble. Les éditeurs avec qui je travaille ont beaucoup de similitudes : ils sont engagés et souvent ce sont des maisons indépendantes. Le plus important est la relation de confiance que j’ai avec eux.
Tungstène avait été adapté au cinéma, serait-ce le cas pour Marcia ?
Pour l’instant, il n’y a pas de projet en cours, mais j’aimerais beaucoup ! Je trouve très intéressant de voir adapter un de mes travaux dans un autre média que ce soit le cinéma, le théâtre ou autre, et voir comment une autre personne le travaille à sa manière.
D’après Livres Hebdo