Du 27 janvier dernier et au 31 mars prochain la Maison de l’Amérique latine de Paris propose l’exposition « Juntas » de l’artiste Alicia Paz. Cette exposition est dédiée au travail de l’artiste franco-mexicaine-américaine, qui propose une réflexion autour de l’histoire à la fois transculturelle, collective et intime des femmes.
Photo : MAL217
La co-commissaire Julie Crenn explique les intentions derrière cette exposition : Les peintures, sculptures et installations d’Alicia Paz sont les supports d’une pensée rhizomateuse (terme utilisé par le philosophe Gilles Deleuze pour « évoquer le caractère irrégulier et proliférant des structures de pensée ») dont le fond se nourri de son expérience personnelle. Alicia Paz est née et a grandi au Mexique, puis elle est partie vivre aux États-Unis, en France et demeure aujourd’hui au Royaume-Uni. Il n’est donc pas étonnant que l’artiste explore les notions de déplacement, de territoire, de généalogie, d’identité, de culture, de métissage et de représentation esthétique. Ces questions sont traitées au sein d’œuvres qui sont envisagées comme des fragments d’une pensée critique en mouvement perpétuel.
Alicia Paz s’intéresse à plusieurs aires culturelles et s’inspire aussi bien du domaine des arts décoratifs(tapisserie, papier peint, assiettes de Delft, azulejos, joaillerie…), que des livres historiques, des dessins botaniques ou encore des cartes géographiques et maritimes. Elle peint sur toile des portraits de femmes. Qui sont-elles ? Ce sont des femmes qui comptent beaucoup pour Alicia Paz. Ce sont des femmes qu’elle admire, qui l’ont soutenue, qui l’ont inspirée ou qui l’ont bouleversée. Ce sont tout à la fois des amies, des membres de sa famille, des femmes anonymes et des femmes célèbres (figures politiques, militantes, théoriciennes, scientifiques, autrices, poétesses, chanteuses, artistes, etc). D’un portrait à l’autre nous voyons apparaître Nina Simone, Sor Juana Inés de la Cruz, Virginia Woolf, Marie Curie, Sonia Delaunay, Elvia Carrillo Puerto, Rosa Luxemburg, Angela Davis, Ana Mendieta, Billie Holiday, Olympe de Gouges, Phillis Wheatley, Rosario Castellanos, Mary Shelley, Anna Julia Cooper, Esperanza Brito, Audre Lorde et bien d’autres. Alicia Paz rassemble des femmes issues d’époques, de cultures, de classes et de territoires différents. Ensemble (juntas, donc), ces femmes sont les actrices de leur propre histoire (herstory).
Alicia Paz rassemble différentes choses : grâce à son imagination plastique, elle inscrit différents continents, et différentes époques, ainsi que des expériences et des luttes propres aux femmes qui se trouvent représentées, au sein d’une œuvre structurée et sensible. Il n’est pas question ici de l’éternel cliché patriarcal où les femmes sont envisagées comme des objets, sensuels, silencieux et dociles. Au contraire, dans l’œuvre d’Alicia Paz les femmes s’expriment activement et revendiquent une histoire partagée.
Les productions, issues de différentes séries, sont captivantes et font appel à un imaginaire collectif. Si elles sont le résultat d’une vision esthétique aigue, elles portent également un projet politique affirmé : celui de visibiliser une histoire transculturelle, collective et intime des femmes. Il s’agit alors de mettre des visages, des noms, des parcours, des discours aux multiples chapitres d’une histoire qui souffre d’amnésie.
COM MAL217