Nouveaux Espaces Latinos est un grand témoin de la trajectoire de ce magnifique festival biarrote qui, depuis ses débuts et malgré des changements de maires et d’équipes d’organisateurs, a su maintenir le même cap : faire voir une Amérique latine plurielle et créative, une belle passerelle entre une ville française et un sous-continent latino-américain en pleine mutation.
Photo : Ouest France Biarritz
Depuis sa création, nous sommes venus en tant que journalistes pour suivre cette manifestation qui, en ce mois de septembre 2021, célèbre ses trente ans d’existence. Une préhistoire avait déjà existé comme le signale bien son actuel président Serge Fohr dans le magnifique catalogue du festival : Il y a trente ans, François-Régis Bastide, président d’honneur du festival, Pierre-Henri Deleau, son Délégué général et Jean Cazenave, son directeur, annonçaient, dans leurs éditoriaux respectifs, l’avènement d’une nouvelle version du festival, créé quatorze ans auparavant par François-Régis Bastide. Ce dernier écrivait notamment, je cite, « la France a une très ancienne tradition de pays ami, de pays découvreur des littératures et cinémas ibériques et latino-américains. »
Le concept créatif du festival repose donc, depuis sa préhistoire, sur le même principe : une grande pluralité dans la sélection de trois compétitions de films (longs métrages, courts métrages, et documentaires) et des focus autour de différentes thématiques ; cette année le pays invité était le Pérou et il une rétrospective au cinéaste chilien, Ignacio Aguero était au programme. Nous l’avons rencontré lors d’une des séances ; méconnu en France, comme c’est écrit dans le catalogue : « il fait pourtant partie des plus stimulants réalisateurs chiliens de ces dernières décennies car il ne se satisfait pas d’enregistrer le réel mais cherche à le recomposer, contrevenant ainsi à l’idée reçue selon laquelle le réel nous serait donné une fois pour toutes et qu’il n’y aurait qu’à l’enregistrer ».
Le festival propose également de découvrir la culture latino-américaine sous d’autres formes, avec des rencontres littéraires, des rencontres en sciences sociales animées par l’Institut des Hautes études de l’Amérique latine de Paris, des expositions et des concerts, tel le groupe El Comité lors de la soirée du jeudi 29 dans la salle Gare du Midi, un des cœurs de la semaine du festival à Biarritz. Afrobeat, funk, latin jazz, ballades. El Comité, c’est avant tout la continuité de la belle histoire de la musique cubaine. La transmission musicale entre générations reste toujours très importante dans l’île. C’est ce socle solide qui permet à cette musique d’évoluer depuis des décennies sans jamais oublier ses racines. El Comité rend à la fois un chaleureux hommage aux générations passées, à certains incontournables comme Miles Davis, mais ce projet est également l‘occasion pour ces jeunes musiciens de s’exprimer différemment, en dehors de leur formation habituelle, et de proposer de nouveaux sons, arrangements et ambiances sonores.
Littératures péruviennes à l’honneur
Pour nous, organisateurs du festival littéraire Belles Latinas depuis vingt ans, c’était un plaisir de participer à cette fête dédiée à l’Amérique latine, organisée par le fameux festival de Biarritz, qui fête cette année ses 30 ans. Les retrouvailles avec les six écrivains invités par le festival cette année, presque tous déjà venus à Lyon dans la longue histoire de notre manifestation dédiée aux lettres latino-américaines, nous ont comblé. Les cinq écrivains péruviens présents, Grecia Cáceres, Santiago Roncagliolo, Alonso Cueto, Renato Cisneros et Karina Pacheco Medrano, que nous avons découvert à Biarritz, et l’autrice cubaine Zoé Valdés, ont été magnifiquement présentés dans impeccable espagnol par l’éditeur français Jacques Aubergy, que nous avions déjà rencontré à Santiago du Chili, en avril 2016, durant notre festival Bellas Francesas. Une véritable retrouvaille entre « amis écrivains » dont trois d’entre eux devraient faire partie de la sélection Belles Latinas de l’an prochain.
Chaque fin septembre, la ville de Biarritz est investie par l’Amérique latine grâce à ce grand festival de cinéma qui accorde également une place d’honneur à la littérature et aux débats d’idées : des tables rondes sur le sujet de la déforestation en Amazonie, la question essentielle de l’eau. La belle ville de Biarritz vibre sous les sons, les rythmes, les arts et saveurs latino-américains dans le fameux Village du festival au Casino de Biarritz, magnifique lieu de convivialité et d’échanges situé face à l’océan, ainsi que dans ce lieu de culture qu’est la Gare du Midi et dans les salles de cinéma de la ville. Le festival développe par ailleurs des actions à destination du public scolaire pour l’accompagner dans la découverte de la cinématographie latino-américaine au travers de parcours thématiques et d’un programme personnalisé.
Les séances de cinéma, où le public se rend très nombreux, démarrent tôt le matin et durent jusqu’à tard dans la soirée. Elles sont toujours suivies de débats entre les réalisateurs et le public. Cette année, consacré au Pérou, le festival a donné une place d’honneur au cinéma péruvien des années 70-80, entre autres, mais il y a eu également des projections de films de fiction et documentaires du Mexique, Brésil, Chili, Costa Rica et République Dominicaine.
Nous achevons ce compte rendu de Biarritz avec quelques lignes des organisateurs du festival : « Nous voulons, plus que jamais, faire de Biarritz un lieu où les frontières tombent. Le Village du festival, retrouvé cette année et où se croisent cinéma, littérature, musique, artisanat, gastronomie, en est le symbole. Nous pourrons nous y rencontrer pour débattre, vibrer, danser, nous laisser surprendre ou éblouir : pour être ensemble, de nouveau.
Olga BARRY
Januario ESPINOSA
Depuis Biarritz
Site du festival : Pour connaitre les films primés.