Indianara, révolutionnaire qui combat pour la défense des minorités et la survie des personnes transgenres au Brésil, est le personnage central des réalisateurs Aude Chevalier-Beaumel et Marcelo Barbosa. Le documentaire donne au spectateur la possibilité de se mettre à la place de ceux qui sont victimes de discrimination et de haine. « Je pense que c’est le grand challenge de notre génération et suis une situation d’urgence. Indianara nous renseigne un peu sur la manière de se positionner à la place des autres », mentionne Marcelo Barbosa. Le tournage du documentaire à Rio de Janeiro a pris plus de deux ans et les spectateurs découvrent l’engagement politique et les espaces personnels d’une figure-clé de la vie politique du Brésil : elle a fondé une association pour la défense de la communauté Lesbienne-Gay-Bisexuelle-Transgenre-Travesti et Intersexuelle (LGBTTI). Aude Chevalier-Baumel explique que le défi de ce film-documentaire était de montrer l’histoire intime d’un groupe marginal en relation avec l’histoire contemporaine du Brésil. « Nous voulions faire un film documentaire avec une conscience citoyenne… nous étions à côté de la personne qui bouleverse les choses et ce projet est le résultat de tout ce qu’on avait besoin de faire ».
Par rapport à la structure et la construction du récit, Marcelo Barbosa et Aude Chevalier-Beaumel ont choisi certains aspects qui permettent de nous placer en face d’une structure classique, avec des tourbillons d’émotions et des points d’inflexion éloignés d’un discours politique de gauche ou seulement dans un rapport à la communauté LGBTTI. « On croit que, grâce à ce choix, l’histoire est plus universelle et parle à tous. Du coup, Marcelo et moi, qui ne sommes pas LGBTTI, on a été touchés par Indianara et son entourage parce qu’ils se considèrent avant tout comme des personnes très humaines et pas seulement comme partie d’une collectivité ou une minorité », dit Aude. La lutte pour les droits humains, l’égalité et même le respect pour les animaux, (Indianara est végane), sont approchés avec une véracité et une force qui sont le reflet de la façon de réagir et de résister face à une réalité politique, économique et sociale qui ne les prend pas en compte. « Indianara donne espoir, force, des choses dont on a tous besoin en ce moment et cela peut être possible avec un film », ajoute Aude. Nous avons affaire à un regard d’actualité émouvant avec des témoignages forts qui dévoilent des aspects inconnus pour qui veut connaître le Brésil. « Beaucoup de personnes se sentent inspirées par Indianara, pas seulement dans la politique, mais aussi dans le quotidien, pour la recherche de solutions quelquefois, utopiques, mais cela vaut la peine de croire qu’elles sont possibles », nous dit la réalisatrice.
Marcelino PACHECO