Tourné au cœur de la froide Patagonie, Troperos nous plonge dans les mystères de la nature de l’Amérique du Sud. Été 2014. Nous sommes dans une vallée solitaire au sud de la Patagonie, un lieu isolé et inhospitalier. Nicolás Detry, son frère Ezequiel et leur collègue Silvestre Seré, s’embarquent dans l’aventure d’enregistrer une profession menacée d’extinction : les gardiens de troupeaux des plaines sud-américaines, désignés en Argentine comme les gauchos. À travers la narration des « troperos » tout au long d’une année, on observe le travail propre à chaque saison, y compris le rude hiver patagonien. On découvre les incroyables anecdotes de la vie à la campagne et les réflexions autour de leurs émotions les plus intimes, dans un territoire où l’homme et l’animal ont une étroite relation liée au travail et à la survie. « La vérité c’est que je n’ai pas choisi de faire ce documentaire. C’est ce documentaire qui m’a choisi. » Cette aventure commence avec Ezequiel, le frère du réalisateur. Après une expérience au Tucu Tucu, Ezequiel insiste sur le fait de filmer sur ce lieu indescriptible, unique par ses incroyables paysages et sa nature vierge. Un an plus tard, Ezequiel et Silvestre Seré vivent l’expérience du guidage de moutons sous une tempête de neige, où Silvestre prend des photos qui seront ensuite publiées dans un des magazines plus renommés d’Argentine, ainsi que l’histoire de la vie des troperos dans la campagne de la Patagonie. Quasiment sans budget, la réalisation de ce film commence en 2014 et a pris quatre ans. Quatre années pour filmer les différentes saisons de l’année et reproduire le cycle annuel du gaucho et des troupeaux de moutons.
Troperos est une fenêtre vers un autre monde. Un monde, selon Nicolas, difficilement accessible. Pas seulement à cause de sa géographie, mais aussi du fait du mode de vie que mènent les gauchos. L’étymologie de ce terme aurait pour origine la langue quechua huacchu, qui signifie « orphelin, solitaire », et ce n’est pas sans raison. Même dans ce dur contexte de production, Nicolas nous dit que le plus difficile a été de gagner la confiance des gauchos, qui, dans leur humilité et leur travail, ne sont pas des personnes très sociables. Pour conquérir leur confiance, l’équipe de tournage a dû s’installer avec eux, apprendre à tondre les moutons, à couper du bois, et même à cuisiner à leur manière. Grâce aux moments de travail partagé, ils ont gagné la permission de filmer leur monde sans les envahir. « On a voulu rendre hommage aux gauchos patagoniens, raconter comment ils font leur travail comme au siècle passé. » D’autres projets sont en route : Nicolas Detry veut continuer à raconter des histoires patagoniennes. Le plus important pour lui, est de toujours conserver un « regard régional avec respect et compréhension ». Pour lui, ce travail de réalisateur lui permet de redécouvrir les gens et les coutumes de son pays. Pour nous, c’est une opportunité de donner une nouvelle couleur à notre vision de la culture sud-américaine.
Amaranta ZERMEÑO