Sous la coordination de Michèle Soriano, titulaire d’un PhD de l’université de Pittsburgh, professeure d’études latino-américaines à l’université Toulouse-Jean Jaurès. Ses recherches portent sur les discours et les pratiques féministes latino-américaines, en particulier dans les productions littéraires et cinématographiques.
Photo : L’Harmattan – Las Tesis
Les mobilisations sociales féministes latino-américaines actuelles exportent souvent leurs pratiques, mais paradoxalement la production théorique qui les accompagne demeure méconnue et le féminin latino-américain est le plus souvent exotisé. Les traductions présentées ici de textes féministes latino-américains importants et significatifs tentent de combler ce déficit et tout le travail collectif du livre relève le défi que la colonialité des savoirs pose au trafic de théories. De fait les féminismes sont toujours d’emblée métis, issus de rapports intersectionnels complexes, et un féminisme qui se veut universel ne doit pas l’ignorer. Les féministes latino-américaines de ce recueil nous invitent à entrer dans leurs dialogues interculturels critiques.
La collection accueille des essais valeureux sur ce “féminin” que les créations des femmes comme celles des hommes construisent dans le secret de leur fabrique imaginaire, au-delà des stéréotypes et des assignations liées au sexe. Nous ne nous limitons pas, même si en principe nous les favorisons, aux écrivains et aux créateurs “femmes”, et nous sommes attentifs, dans tous les domaines de la création, à l’émergence d’une pensée du féminin libérée des impositions culturelles, comme des autres contraintes et tabous.
Penser le féminin, le supposer productif et actif, le repérer, l’imaginer, le théoriser est une entreprise sans doute risquée ; nous savons bien cependant que l’universel est une catégorie trompeuse et partiale (et partielle) et qu’il nous faut constamment exorciser la peur, le mépris ou l’indifférence qu’inspire la notion de féminin, même lorsqu’elle concerne l’art et les créations. Malgré les déformations simplistes ou les préjugés qui le minent, le féminin insiste comme notion philosophique dont on peut difficilement se passer. Cette collection a pour but d’en offrir les lectures les plus variées, imprévues ou même polémiques ; elle prévoit aussi des livres d’artistes (photographes, plasticiens…) qui montreront des expériences artistiques personnelles, susceptibles de faire bouger les cadres et les canons, et qui paraîtront sous forme de e-books.
L’Harmattan
Féminismes latino-américains en traduction sous la coordination de Michèle Soriano aux éd. L’Harmattan, 278 p., 29 €