Jean-Jacques Kourliandsky, directeur de l’Observatoire de l’Amérique latine de la Fondation Jean-Jaurès, membre de notre équipe éditoriale, a écrit un bilan complet de la politique diplomatique de Donald Trump en Amérique latine, politique unilatérale et pour le moins « brusque ». Nous transcrivons ici l’introduction suivie d’un lien pour lire la suite sur le site de la Fondation Jean-Jaurès.
Photo : Dessin de Bernabé Soto
Quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle aux États-Unis le 3 novembre 2020, a commenté l’analyste nord-américain Joseph Nye [1], il aura à gérer un héritage diplomatique ayant rompu avec les formes et le style régulant les relations coopératives ou contentieuses interaméricaines comme internationales.
Beaucoup de Latino-Américains « croisent les doigts » pour que le 3 novembre 2020, Donald Trump ne soit pas réélu. Pour une fois, l’idéologie joue peu. Les inquiets, comme les indignés, sont à droite comme à gauche. L’éditorial publié par un site économique chilien est de ce point de vue révélateur d’un climat partagé : « Notre média estime que pour les États-Unis, pour l’Amérique latine, et le monde, il est préférable que Trump soit battu […] Nous appuyons Joe Biden avec le désir pressant qu’il répare tout le mal qui a été fait » [2].
Commentaire émanant de milieux d’affaires, à première vue déconcertant. Inconditionnels des États-Unis, ils sont habituellement indifférents aux circonstances électorales, à la personnalité des dirigeants états-uniens et privilégient les convergences d’intérêts, et les alliances contre les adversaires communs. Sans avoir pris connaissance de statistiques à ce sujet, on peut observer, depuis la mandature de Donald Trump, un malaise latino-américain généralisé, à la lecture de la presse généraliste comme à celle de diverses attitudes partisanes ou gouvernementales.
Aux voix structurellement hostiles de l’extrême gauche anti-impérialiste, se sont jointes celles des libéraux éconduits et déçus, et celles enfin d’un marais, déstabilisé par l’ignorance teintée de mépris, manifestée à leur égard pendant quatre ans, de 2016 à 2020, par le locataire de la Maison Blanche. Six anciens chefs d’État hispano-américains, centristes en politique, libéraux en économie, occidentaux idéologiquement, amis traditionnels des États-Unis [3], ont rendu publique le 26 août 2020 une lettre de protestation révélatrice du malentendu élargi par Donald Trump entre le nord et le sud du continent.
L’état des lieux, à l’approche de l’élection présidentielle du 3 novembre prochain, confirme-t-il le malaise et les appréhensions latino-américaines ? Que peut-on dire de la politique des États-Unis de Donald Trump à l’égard de ses voisins du sud, de 2016 à 2020 ? Quelles ont été les orientations de la politique de Donald Trump à l’égard de l’Amérique latine ? La diplomatie en actes concrets a-t-elle eu un profil différent avec l’Amérique latine de celui pratiqué avec les autres régions du monde ?
Jean-Jacques KOURLIANDSKY
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