Triste journée pour Daniel Mordzinski mais aussi pour le reste du monde. 50 000 photos du photographe argentin ont en effet été détruites par un salarié du journal Le Monde. Le photographe argentin, qui entreposait ses clichés dans les locaux du célèbre quotidien, a ainsi raconté l’histoire sur son blog : « Pendant plus de dix ans, nous utilisions, en vertu de l’accord entre El País et Le Monde, un espace du septième étage de la rédaction parisienne du quotidien du soir, où nous gardions des milliers de négatifs et de diapositives originaux. Ils ont disparu, comme ça, rien de plus« .
Les négatifs du photographe étaient en fait conservés dans une armoire dans le bureau du correspondant en France d’El Pais, Miguel Mora. Le bureau a en fait été vidé pour y installer un nouveau salarié du groupe, et les clichés n’ont pas fait long feu. Certaines sources indiquent ainsi que la faute incomberait à un salarié chargé de l’entretien qui aurait détruit les clichés sans faire attention. Les journalistes du Monde se disent choqués par la situation. Citée par BFM TV, une salariée du quotidien évoque ainsi la triste histoire : « Je me suis adressée à la direction générale, on m’a confirmé qu’il y avait eu un déménagement intempestif suivi d’un vidage de l’armoire où étaient stockés ces travaux. Les services généraux ont par erreur détruit le contenu. Tout le monde ici est complètement atterré« .
Le photographe argentin a lui aussi fait part de sa déception expliquant notamment qu’ »au-delà de l’injustice et de l’absurdité de la situation, je trouve paradoxal que Le Monde fasse de ses gros titres – et je suis certain que c’est sincère – la défense de la liberté d’expression dans des endroits exotiques comme l’Afghanistan ou le Mali, mais que des milliers de photos, des centaines de dossiers avec comme légende Cortázar, Israël, American Writers, Semana negra de Gijón, Carrefour des littératures, Saint-Malo, Mercedes Sosa, Astor Piazzolla, etc. ne leur évoquent rien, et qu’ils balancent tout à la poubelle sans consulter personne« . La direction du Monde a bien évidemment adressée ses excuses au photographe rappelant que la « destruction de ses documents s’est produite sans le moindre aval de la direction » déplorant toutefois « que ce photographe, après avoir décidé d’entreposer ses archives au siège du journal sans en avertir quiconque au Monde, rejette sur le seul journal la responsabilité de cet incident. »
La réponse du journal Le Monde : Le journal s’excuse mais rejette toutefois une part de responsabilité sur le photographe argentin.
Dans un communiqué daté du 19 mars (document en PDF), les directions du Monde et d’El Pais répondent au photographe Daniel Mordzinski, ainsi qu’à la pétition lancée sur Facebook par l’écrivain chilien Luis Sepúlveda :« Depuis quelques jours, le photographe Daniel Mordzinski prétend que Le Monde aurait volontairement détruit les négatifs qu’il avait choisis d’entreposer au siège social du journal depuis plusieurs années. Le Monde a déjà reçu Daniel Mordzinski afin d’identifier le matériel manquant. Depuis Le Monde a tout mis en œuvre pour comprendre les causes de ce regrettable incident et étudier de quelles manières les archives manquantes pouvaient être reconstituées. Le Monde tient à réitérer ses excuses auprès du photographe s’agissant de la destruction de ses documents, qui s’est produite sans le moindre aval de la direction. Le Monde déplore néanmoins que ce photographe, après avoir décidé d’entreposer ses archives au siège du journal sans en avertir quiconque au Monde, rejette sur le seul journal la responsabilité de cet incident, et qu’il ait entamé une campagne de dénigrement systématique notamment sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, aucun accord contractuel n’a jamais existé entre Le Monde et El Pais prévoyant que Daniel Mordzinski puisse stocker ses archives dans les locaux du Monde. La direction du Monde a proposé de recevoir à nouveau Daniel Mordzinski dans les prochains jours. »