La 29 édition du Festival Biarritz Amérique latine a pu se dérouler, malgré les conditions sanitaires et la tempête qui a soufflé durant les deux derniers jours du Festival. Cela a fortement affecté la partie festive de la manifestation, mais n’a pas empêché un public nombreux de se déplacer.
Photo : Festival Biarritz Amérique latine
Le public de Biarritz est très fidèle et sait apprécier les films. Le trophée « L’Abrazo » du meilleur film a été décerné à Ofrenda, un film minimaliste, fait avec presque rien et très court de l’Argentin Juan Mónaco Cagni. Il s’agit des déambulations de deux enfants puis de deux adolescentes dans une pampa où ne subsistent que des bâtiments en ruine. Le film fait coexister différentes temporalités entre le passé et le futur. Le Prix du jury a été décerné au film vénézuélien La Fortaleza de Jorge Thielen Armand. Le réalisateur a demandé à son père de revivre une partie de son passé en retournant vivre en Amazonie où il avait abandonné la construction d’un camp touristique. Il s’agit donc d’une fiction qui réinterprète la vie du père du réalisateur. Cela donne une vision presque fantastique de la vie de cette famille.
Le Prix du public a été décerné au très beau film mexicain Selva Trágica de Yulena Olaizol. Dans les années vingt dans la jungle à la frontière entre le Mexique et Belize, on recueille le latex des arbres pour en faire du chewing-gum. Situé à la frontière des deux pays, se manifeste le réalisme et le fantastique à travers le personnage d’une jeune femme. Le film réunit l’homme et la nature, l’industrie et la mythologie, l’homme et la femme.
Le Prix du meilleur documentaire a été attribué au réalisateur chilien Francisco Berjemo pour son film El Otro. Quelque part au bout du monde, là où océans et rochers jouent à cache-cache, vit un homme. Pris dans une mystérieuse solitude, il n’est pourtant jamais tout à fait seul. Un jour de tempête, les restes d’une baleine blanche échouent sur la plage… Dans ce portrait d’un naufragé, inspiré par le chef-d’œuvre de Melville Moby Dick, le réalisateur interroge notre réalité intérieure et notre façon de la considérer. Elle devient un symbole. Un autre documentaire brésilien de Tiago Carvalho, O Índio cor de rosa contra a fera invisivel : a peleja de Noel Nutels. Noel Nutels a consacré toute sa vie de médecin à travailler avec des peuples autochtones de différentes régions du Brésil. Des années 1940 aux années 1970, il a dirigé de nombreuses expéditions médicales qu’il a filmées en 16 mm.
Le Festival Biarritz Amérique Latine organise aussi des rencontres de coproduction, avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine en partenariat avec l’agence ALCA et du CNC – Centre national du cinéma et de l’image animée. Ces rencontres ont pour objectif de faciliter la coopération entre professionnels et artistes français et latino-américains. Trois prix ont récompensé des projets : la Bourse d’aide au développement du CNC d’un montant de 5 000 euros et les Prix Bal-Lab fiction et documentaireconsistant en la traduction en français du scénario.
Pour sa part, à Villeurbanne, une semaine avant Biarritz, Les Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain, déplacés de mars à septembre, suivis par un public important, ont vu le très beau film Insoumises de Laura Cazador et Fernando Pérez remporter le Prix du public. Dans cette coproduction entre Cuba et la Suisse. Sylvie Testud joue le rôle d’un chirurgien suisse, Enrique Faber, qui s’installe à Baracoa. Elle devient mal vue par les habitants les plus riches, surtout quand ils découvrent qu’elle est une femme.
Alain LIATARD
Envoyé spécial
Je signale que le film Maternal de l’Argentine Maura Delpero, présenté aux Reflets de Villeurbanne, sort sur les écrans ce 7 octobre. « Paola quitte l’Italie pour travailler à Buenos Aires dans un foyer de religieuses pour mères célibataires. La rencontre entre deux femmes que la loi leur a interdit d’avorter et cette novice qui ne pourra jamais être mère va permettre à ces femmes de s’entraider et de repenser leur rapport à la maternité ». Je vous le recommande !
Le lundi 12 octobre à 19h00, Ofrenda (Abrazo du meilleur flm) et Teoría social numérica (prix du meilleur court-métrage) seront présentés en avant-première à la Cinémathèque française, salle Jean Epstein dans le cadre d’Aujourd’hui le cinéma. Entrées ici