En octobre 1992, pour célébrer les cinq cents ans de la « découverte » des Amériques, la leader guatémaltèque Rigoberta Menchú, fraîchement élue la même année, prix Nobel de la paix, a organisé une rencontre intercontinentale des peuples amérindiens dans la ville guatémaltèque de Quetzaltenango. Des délégations de la planète entière y assistèrent dont une de France présidée par Danielle Mitterrand, accompagnée par des associations de solidarité ainsi que par des journalistes invités pour témoigner de cette initiative. Notre publication avait saisi cette occasion et avait accepté de faire partie de la délégation, ce qui nous a permis au retour de préparer un numéro spécial sur les peuples amérindiens. Magnifique souvenir.

En juin 2006, une nouvelle rencontre avec Rigoberta Menchú s’est concrétisée à Paris, lors de l’inauguration du Musée du Quai Branly, où elle a exprimé au président Jacques Chirac « l’importance qu’avait pour elle la place donnée à Paris aux peuples amérindiens ». Le musée est né avec cet objectif de souligner les arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Depuis son inauguration, de nombreuses expositions ont été consacrées à souligner la présence des peuples premiers et nous imaginons bien que cette année, Rigoberta Menchú doit se féliciter de cette nouvelle exposition qui s’inaugure ce 9 octobre autour de la civilisation Olmèque du Mexique.

Dans une semaine débute notre 19^e festival littéraire Belles Latinas. Nous restons confiants pour que la trentaine des rencontres programmées se concrétisent et nous espérons compter sur des nouvelles technologies, afin que les écrivains qui ne se déplaceront pas, puissent dialoguer avec nous à distance. Les vidéoconférences que nous programmons en direct avec les auteurs seront toutes mises en ligne via YouTube. Cette initiative, forcée par la pandémie, deviendra à terme très positive pour les relations culturelles car nous espérons les maintenir et organiser régulièrement, pas seulement durant les festivals, des dialogues via les réseaux sociaux. Une révolution pour nous et un bon pari pour les dialogues interculturels de nouvelle génération.

L’éternelle Mafalda

Depuis notre longue histoire de médiateurs d’information, des histoires et des personnages nous ont bien marqué. C’est le cas de Mafalda et plus tard de Quino, son créateur. Dès nos premières éditions dans les année quatre-vingt nous avons reproduit et piochés des dessins et bulles de l’illustrateur qui vient de mourir à 88 ans. Mafalda pleure comme le dessine bien un autre grand illustrateur (monero), Rafael Pineda, alias Rapé, depuis le Mexique. Les leçons de sagesse que Joaquín Salvador Lavado Tejón, Quino, né le 17 juillet 1932 à Mendoza en Argentine, nous transmet à travers cette enfant rebelle, issue d’une famille argentine assez modeste, sont en effet impérissables. Pessimiste sur l’état de la société et la corruption du pouvoir, mais optimiste sur la force de résistance de la jeunesse, il déclara au journal Le Monde en 2014 : « Le problème de notre monde est que les enfants perdent l’usage de la raison à mesure qu’ils grandissent. Ils oublient à l’école ce qu’ils savaient à la naissance. Ils se marient sans amour. Ils travaillent pour l’argent et, entrés à l’âge adulte, se noient non pas dans un verre d’eau mais dans un bol de soupe. » J.E.

Site Quino