Du 28 septembre au 4 octobre 2020, il propose trois compétitions de films longs métrages, courts-métrages, et documentaires. Outre les films en compétition, le festival présente chaque année des focus autour de différentes thématiques.
Photo : Mairie de Biarritz
La mondialisation néolibérale n’a pas que des effets dévastateurs, telle la propagation du Covid-19. Même si elle tend à réduire les identités culturelles, elle n’en permet pas moins, dans un même temps, de les répandre. Au contraire d’autres cinématographies continentales, trop autocentrées parce que voulant justement préserver leur identité, le cinéma d’Amérique latine – parce qu’il correspond à un continent jeune et à un territoire d’immigration – s’adapte beaucoup mieux à ce « village global », comme en témoigne La Verónica qui s’attache tout particulièrement aux technologies de communication chères à MC Luhan.
Ce cinéma se déterritorialise plus facilement : le Brésil, c’est aussi le Portugal et l’Afrique dans Um Animal amarelo. Il s’ouvre davantage au lointain : l’influence de l’Asie se fait sentir aussi bien dans Chico ventana también quisiera tener un submarino (la partie philippine) que dans Los Fantasmas (les postures corporelles à la Hou Hsiao-hsien), dans Lina de Lima (les parties chantées à la Tsai Ming-liang) aussi bien que dans Selva trágica (les esprits de la forêt à la Weerasethakul). Il s’aventure dans des registres inédits pour mieux les déplacer : le musical dans Lina de Lima, le fantastique dans Chico ventana et Selva trágica.
Même lorsqu’il s’agit de films plus directement ancrés dans des réalités locales (la crise du Venezuela dans La Fortaleza, la ville de Guatemala dans Los Fantasmas ou celle de Texcoco dans Se escuchan aullidos), ces explorations géographiques sont tout autant mentales, temporelles et formelles. Il n’y a qu’à voir comment la périphérie d’une petite ville de province de la pampa argentine se transforme en poème élégiaque dans Ofrenda pour comprendre qu’il faut nous départir définitivement d’attentes exotiques et de regards anthropologiques quant au cinéma d’Amérique latine.
Compétition officielle :
- Chico ventana también quisiera tener un submarino de Alex Piperno (Uruguay, Argentine, Brésil, Pays-Bas, Philippines) – Première française
- La Fortaleza de Jorge Thielen Armand (Venezuela, Colombie, France, Pays-Bas) – Première française
- La Verónica de Leonardo Medel (Chili) – Première française
- Lina de Lima de María Paz González (Chili, Pérou, Argentine) – Première française
- Los Fantasmas de Sebastián Lojo (Guatemala, Argentine) – Première française
- Ofrenda de Juan Mónaco Cagni (Argentine) – Première française
- Se escuchan aullidos de Julio Hernández Cordón (Mexique)
- Selva trágica de Yulene Olaizola, Mexique, France (Colombie) – Première française
- Um Animal amarelo de Felipe Bragança (Brésil, Portugal, Mozambique) – Première française.
Les dix films sélectionnés lors de cette édition si particulière sont les représentants de sept pays latino-américains : Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Cuba, Mexique et Uruguay. Au-delà de cette diversité de nationalités et de cultures cinématographiques, la sélection s’articule autour de thématiques et axes narratifs récurrents, qui, parfois, s’entrecroisent.
Ressource naturelle du documentaire, le portrait est abordé dans Cosas que no hacemos, chronique rurale élégante et touchante du coming out d’un jeune Mexicain. Les deux réalisatrices de A media voz usent de l’autoportrait épistolaire pour renouer avec une amitié perdue dans les méandres de l’exil. Dans El Otro, le réalisateur questionne habilement la question du double alors que Mirador est le tableau lumineux de trois amis non-voyants. El Campeón del mundo est, de son côté, une chronique douce-amère sur le caractère éphémère de la gloire et de la vie.
La mémoire, intime et collective, nourrit Las Razones del lobo, portrait politique en creux d’une micro-société de Medellín. Quant à Responsabilidad empresarial, le film interroge, de façon plus radicale, l’implication économique et idéologique de certaines entreprises argentines durant la dictature. Autre vision de l’histoire politique colombienne avec La Niebla de la paz qui retrace l’épopée du processus de paix entre 2012 et 2018. Dans Suspensión, c’est un projet pharaonique de construction routière, dans le sud de la Colombie, qui est finalement abandonné pour cause de corruption, guérilla, instabilité politique, et autres glissements de terrains.
Enfin, O Indio cor de rosa contra a fera invisível : a peleja de Noel Nutels emprunte les rives ethnographiques et nous emmène, grâce aux somptueuses images 16 mm tournées par le médecin Noel Nutels durant 20 ans, au cœur de l’Amazonie, auprès de ses habitants indigènes.
- A media voz de Heidi Hassan et Patricia Pérez Fernández (Cuba, Espagne, France, Suisse) – Première française
- Cosas que no hacemos de Bruno Santamaría (Mexique) – Première européenne
- El campeón del mundo de Federico Borgia et Guillermo Madeiro (Uruguay) – Première française
- El Otro de Francisco Bermejo (Chili) – Première française
- La Niebla de la paz de Joel Stängle (Colombie) – Première européenne
- Las Razones del lobo de Marta Hincapié Uribe (Colombie) – Première européenne
- Mirador de Antón Terni (Uruguay) – Première française
- O índio cor de rosa contra a fera invisível: a peleja de Noel Nutels de Tiago Carvalho (Brésil) – Première européenne
- Responsabilidad empresarial de Jonathan Perel (Argentine)
- Suspensión de Simón Uribe (Colombie) – Première française.
Service de Presse Biarritz