Le président argentin et son ministre de l’Économie Martín Guzmán ont réussi à renégocier la dette du pays, s’élevant à 66 milliards de dollars, émise sous législation étrangère. C’est un premier pas vers la sortie d’une crise qui dure depuis de nombreuses années. « Nous sommes de nouveau debout et en marche » affirme le président qui a pu arriver à cet accord en faisant quasiment l’unanimité chez les preneurs de décision étrangers.
Photo : La Tribune
Mardi dernier, 93,5 % des créanciers (99 % si l’on prend compte des clauses d’actions collectives) se sont exprimés en faveur de cet accord inédit. Leur remboursement est garanti et le taux reste néanmoins intéressant passant de 3,07 % au lieu de 7 % auparavant. Cette nouvelle va sans nul doute permettre à l’Argentine de respirer dans ce contexte exceptionnel lié au Coronavirus.
En effet, les conditions n’étaient pas optimales. S’il y a une chose à retenir de la crise sanitaire en Argentine, c’est bien le confinement le plus long du monde avec 6 mois passés à contrôler les flux de populations. Ceci ne fut pas sans conséquence sur l’économie locale, mais aussi sur la santé psychologique des habitants qui sont de plus en plus nombreux à manifester leur mécontentement comme nous avons pu le voir lors des manifestations du 17 août dernier.
À cause de la crise, 168 00 emplois seront supprimés, même si depuis juin dernier, cet indice n’augmente que faiblement. Dans un précédent article nous évoquions les défis économiques en période de pandémie. Pour protéger des vies, le gouvernement a prolongé le confinement jusqu’au 20 septembre 2020, mais à quel prix ? Le récent coup de théâtre apporte un message plutôt positif.
Grâce à ce changement de situation, l’Argentine va réussir à économiser 37 milliards de dollars, selon le ministre de l’Économie. Martín Guzmán a pris le temps de présenter ces chiffres en se projetant déjà sur l’année 2021. Il annonce que le déficit fiscal devrait ainsi passer de 10 % à 4 %. Le rendez-vous est pris et l’Argentine ne devra commencer à rembourser ses créanciers que l’année prochaine, ce qui va donner du temps au pays afin de se reconstruire économiquement si les chiffres liés à l’épidémie ne repartent pas à la hausse.
« En décembre, nous nous sentions à terre ; aujourd’hui nous sommes de nouveau debout et en marche » affirmait Alberto Fernández en conférence de presse. Le pays avait enregistré la plus grosse crise économique de son histoire en avril (plus profonde que les crises précédentes de 2009, 2012, 2014 et 2016) et l’on prédisait déjà le pire pour l’économie argentine. Mais dans le cadre d’une crise mondiale, il se pourrait que les économies produisant un grand nombre de matières premières comme l’Argentine soient avantagées. Ces produits, qui ont peu de valeur ajoutée en temps normal, ont vu leurs prix augmenter. Parallèlement, les économies dont la part de la consommation interne dans le PIB est plus faible auraient elles aussi un avantage certain, ce qui est le cas de l’Argentine.
Malgré des prévisions défavorables et des critiques venant des pays voisins comme le Brésil gouverné par Jair Bolsonaro, le pays paraît tenir bon. Il s’agit désormais d’observer comment le gouvernement va organiser la sortie du confinement alors que le nombre d’infections liées au coronavirus a battu des records la semaine dernière.
Etienne FAIVRE