L’ancien policier argentin Mario Sandoval, a été extradé de Paris le 15 décembre vers l’Argentine, après huit ans de bataille judiciaire grâce à la validation par le Conseil d’État du décret d’extradition émis en 2018. La justice argentine l’accuse d’avoir participé à des meurtres, séquestrations et tortures pendant la dictature
Photo: Telesur
Mario Sandoval, 66 ans, a été extradé depuis son domicile de Nogent-sur-Marne, en banlieue parisienne, le dimanche 15 décembre. Le Conseil d’État a validé le décret d’extradition de l’ancien policier argentin émis par le gouvernent français le 21 août 2018. C’est la fin d’une bataille judiciaire de huit ans. Sandoval est accusé par la justice argentine d’avoir participé à cinq cents faits de meurtre, torture et séquestration lors de la dictature de la Junte militaire en Argentine entre 1973 et 1983. Surnommé « Churrasco », comme le plat argentin de steak grillé, en référence à la méthode de torture des prisonniers par électricité, c’est un rappel d’un des épisodes les plus obscurs de l’histoire de l’Argentine, la dictature.
En 2012, la justice argentine demande pour la première fois l’extradition de Mario Sandoval à la France pour le dossier de séquestration et disparition d’Hernán Abriata, un jeune étudiant en architecture, détenu à l’École de mécanique de la marine (ESMA), où on estime que cinq mille personnes ont été torturées avant de disparaître, souvent jetées dans le Río de la Plata.
Mario Sandoval nie les faits et estime qu’ils sont prescrits. Le Code de procédure pénale interdit l’extradition si le crime est prescrit dans le droit français. Il saisit alors plusieurs recours de la justice française pour éviter son extradition. Le Conseil d’État a donné raison aux décisions déjà prises par la Cour de cassation et le Conseil constitutionnel : en cas de séquestration, la prescription commence avec la découverte du corps ou les aveux de l’accusé, pourtant le corps d’Hernán Abriata n’a jamais été retrouvé. La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), ultime recours, a rejeté la demande vendredi 13 décembre.
Exil discret en France
Mario Sandoval est exilé en France depuis 1985 et il acquiert la nationalité française en 1997. Cette dernière n’empêche pas son extradition, car il ne l’avait pas au moment des faits. Mario Sandoval vit discrètement son exil en France. Il enseigne même à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL) à l’université Sorbonne-Nouvelle, en tant que consultant spécialisé en question de sécurité et défense entre 1999 et 2005. Personne ne semblait être au courant de son identité, même pas le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, directeur de l’établissement pendant la même période.
Manuela MANCHENO