Au Festival de Biarritz, Le Prix du jury et celui du Syndicat Français de la Critique de Cinéma ont été décernés à La Vie invisible d’Eurídice Gusmão (A Vida invisível de Eurídice Gusmão) de Karim Aïnouz, (Brésil, Allemagne). Le film avait déjà reçu le prix Un Certain Regard à Cannes. Dans le compte rendu, nous avions dit tout le bien que nous pensions du film. Un mélodrame tropical, par le réalisateur de Madame Satã.
À Rio de Janeiro, dans les années cinquante, Euridyce, 18 ans et sa sœur Guida, 20 ans, sont inséparables. Mais Guida va suivre un marin grec et lorsqu’elle reviendra enceinte, elle sera rejetée par ses parents. Euridyce veut entrer au conservatoire en classe de piano, mais mariée à un comptable, elle ne pourra exercer son talent. Les deux sœurs ne se rencontreront jamais. Adapté librement d’un roman de Maria Bethana qui se déroule dans les années vingt, Karim Aïnouz a déplacé le récit aux années cinquante, avant le mouvement de libération des femmes. Car ces femmes, issues de l’immigration portugaise sont soumises : la mère ment pour être en accord avec son mari, émigré portugais. Euridyce ne pourra jamais entrer au conservatoire. Seule Guida trouvera avec une femme noire qui garde les enfants un certain équilibre.
Bien sûr, on pourra dire qu’il s’agit d’un mélodrame, mais un très beau mélodrame Il s’agit pour lui de « partir du genre et en faire un film très personnel… J’ai été profondément ému quand j’ai découvert le livre. Il a fait remonter en moi de vibrants souvenirs de ma propre vie. J’ai grandi dans le Nordeste brésilien conservateur des années 60, au sein d’une famille composée majoritairement de femmes ; une famille matriarcale dans un contexte très machiste ».
À noter qu’Euridyce âgée est jouée par Fernanda Montenegro qui interprétait en 1998 le beau rôle de Dora, la dame de la gare, dans Central do Brasil. En salles le 11 décembre.
Alain LIATARD
Sortie le 11 décembre 2019 | 2 h 20 min. De Karim Aïnouz. Avec Carol Duarte, Julia Stockler, Gregório Duvivier, Bárbara Santos, Flávia Gusmão.