Dans un Rio en ébullition durant les années Temer, la colère gronde. Indianara Siqueira, révolutionnaire hors norme, mène avec sa bande un combat pour la défense des minorités et la survie des personnes transgenres au Brésil dans sa Casa Nem. Face à la menace totalitaire qui plane sur le pays, une seule injonction : résister !
Photo : Allocine
Indianara est le titre du film mais avant tout le prénom d’une femme pour qui tout est question d’amour, d’amitié et de solidarité. En suivant cette militante transgenre, les cinéastes nous plongent dans une vie de combat, où chaque jour il s’agit de tenir face à la répression, au mépris. Cet engagement permanent est mené par une communauté transgenre brésilienne qui n’a pour seules armes que son indignation, son amour fraternel, sa détermination. Ici les corps, filmés sans fausse pudeur, s’assument, résistent, jamais ne se résignent. Ils nous font découvrir de fragiles existences où la fierté de la différence devient aussi un espace de joie communicative. Si l’on exulte c’est pour trouver la force de vivre. » Delphine Deloget et Jean-Louis Gonnet, cinéastes de l’ACID qui a proposé le film à Cannes.
Indianara Siqueira est une militante qui engage la communauté LGBT à se défendre malgré les aléas de la vie. Elle a vécu cinq ans en France et y a été emprisonnée. Elle est interdite sur notre territoire. De retour au Brésil en 2009, elle affronte à nouveau la violence policière, la ségrégation et les assassinats de ses amies. Indianara s’engage plus fermement, devenant la porte-parole de la communauté trans dans son pays. En 2010, elle est conseillère parlementaire du député socialiste gay, Jean Wyllys. En 2016, elle se présente à travers le PSOL, (le parti Socialisme et Liberté) comme conseillère municipale à la mairie de Rio et est élue suppléante, aux côtés de Marielle Franco, assassinée en mars 2018. Cette même année, elle ouvre en plein cœur de Rio, la « Casa Nem », un refuge pour les personnes transgenres en situation de rue. Indianara les accueille, les oriente médicalement, professionnellement et psychologiquement.
« Au Brésil, 179 personnes trans ont été assassinées en 2017, soit un assassinat tous les deux jours. Plus de la moitié des meurtres de personnes trans dans le monde est commise au Brésil. Leur espérance de vie n’y est que de 35 ans. Double choc donc, à la vue de cette femme libertaire, et à l’écoute de la longue liste des victimes » explique Aude Chevalier-Beaumel qui la rencontre pour la première fois en 2014. « Mais ce que nous avons en commun tous les deux », ajoute Marcelo Barbosa, « c’est une volonté d’impliquer nos corps dans nos tournages. Un tournage animal, instinctif et sans s’arrêter. Cette approche se ressent sur le résultat final, cette grande proximité avec les personnages. Le film est physique. »
« Aujourd’hui Indianara et les siens occupent un immeuble de 7 étages à Copacabana. Un immeuble dans lequel elle a trouvé, dans une des chambres, des pièces de collection, objets indigènes, sculptures anciennes, des reliques, des os. Elle a immédiatement contacté le Musée national et les autorités pour analyser l’origine de ces pièces. En attendant, ils ont donc l’autorisation de rester dans cet immeuble, plus confortable et plus grand que la Casa Nem. Elle y a regroupé ses forces, ses « enfants » et n’abandonne pas la lutte. Plus que jamais le Brésil a besoin d’elle. Elle a été exclue de son parti politique mais continue de militer pour les Droits de l’Homme » ajoutent les réalisateurs-trices. Le film qui est vraiment plein d’humour et de sensibilité est soutenu par Amnesty International.
Alain LIATARD
D’après le dossier de presse
Indianara, film documentaire brésilien d’Aude Chevalier-Beaumel et Marcelo Barbosa. 84 mn. Le film est sorti sur quelques écrans le 27 novembre.