Rio de Janeiro et ses favelas. De jeunes garçons grandissent, mûrissent dans ce cadre. Les plages lumineuses, les reflets de l’océan au loin, les planches mal jointes, les déchets, les violences tout près. À moins de trente ans, Geovani Martins se fait connaître avec ces treize courts récits dont les héros sont des garçons ordinaires qui n’ont qu’une seule ambition : sortir de cette situation qui leur a été imposée.
Photo : Gallimard et Fohja AUC
On a ici une vision très éloignée de celle de la Cité de Dieu de Paulo Lins, les deux étant aussi réalistes l’une que l’autre. Les jeunes garçons, les jeunes hommes et les adultes de Geovani Martins sont évidemment conscients de la misère qui les entoure, qui s’étale sous leurs yeux ; ils connaissent les agressions dans leur ruelle, dans la maison voisine, ils savent ce que c’est de perdre un proche tué par d’autres jeunes. Pourtant ‒ conséquence de leur éducation ?, nous n’aurons pas d’explication ‒ ils ont gardé une sorte de naïveté bienvenue qui leur permettra de vivre pleinement dans un contexte aussi dur.
Malgré les différences de situation et d’âge entre les « héros » de ces nouvelles, tous aspirent avant tout à simplement exister et, si possible, à être admis, mieux encore, à être respectés. Mais, comme partout, le respect se mérite. Et dans la favela, c’est le plus souvent à sens unique : pas de problème majeur entre les « potes » qui depuis leur naissance partagent les mêmes galères. On ne peut pas en dire autant des « keufs », des « condés » qui, eux, n’hésitent pas à racketter plus malheureux qu’eux.
Le soleil sur ma tête, ce sont des morceaux de vie entre récit et documentaire. Aucune nouveauté dans ce qu’on lit, sinon une authentique confiance en l’être humain.
Christian ROINAT
Le soleil sur ma tête de Geovani Martins, traduit du portugais (Brésil) par Mathieu Dosse, éd. Gallimard, 135 p., 15 €. Geovani Martins en portugais : O sol na cabeça, ed. Companhia das Letras.