C’est à travers un rapport de l’ONU que Michelle Bachelet, Haute-Commissaire aux Nations unies, nous informe sur les violations des droits de l’homme qui sont commises par le gouvernement de Nicolás Maduro au Venezuela.
Photo : ONU Press
Dans ce rapport publié le 5 juillet, la Haute-Commissaire de l’ONU, Michelle Bachelet, s’exclame : «Il y a des motifs raisonnables pour croire que de graves violations aux droits économiques et sociaux ont été commises au Venezuela.» Elle dénonce également l’existence de la torture et les traitements inhumains contre les détenus qui luttent en faveur de leurs droits civils.
Le document de 18 pages explique la situation de vulnérabilité dans laquelle se trouve le peuple vénézuélien à cause de la crise politique et sociale que le pays subit. D’un autre côté, le gouvernement de Nicolás Maduro conteste le rapport en clamant que celui-ci manque absolument d’informations telles que les réussites et les progrès en rapport aux droits humains. Il affirme aussi que le rapport présente un regard déformé, sélectif et clairement biaisé sur la situation. «Le gouvernement du président Nicolás Maduro a refusé récemment de reconnaître l’ampleur de la crise et n’a pas pris les mesures nécessaires» affirme Bachelet dans ses conclusions en ajoutant que «le pays a pris et mis en place des lois, des politiques et des pratiques qui n’ont pas permis d’avoir un espace démocratique.»
Un paragraphe du rapport a été consacré aux détentions arbitraires, les tortures et la maltraitance. D’ailleurs, des chiffres montrent la détention d’au moins 15 045 personnes entre janvier 2014 et mai 2019 et 135 cas de privations arbitraires de liberté entre 2014 et 2019, dont 23 femmes et 112 hommes. «Dans certains cas relevés, des femmes et des hommes détenus ont été soumis à de nombreux actes de torture telles que des électrochocs, des étouffements avec un sac plastique, des simulacres de noyade, des passages à tabac, des violences sexuelles, des privations d’eau et de nourriture, des postures forcées et des expositions à des températures extrêmes» expose le document. Les organismes responsables de ces pratiques sont, d’après le rapport, le Service bolivarien d’intelligence nationale (SEBIN) et la Direction générale du contre-espionnage militaire (DGCIM). Ces deux organismes s’occupaient de pratiquer habituellement ces actes de torture afin d’obtenir des informations et des confessions, intimider et sanctionner les personnes détenues.
Le rapport indique 72 dénonciations de prétendue torture et de maltraitance, et 174 personnes détenues dans le cadre des manifestations entre 2017 et 2019. «Des cas de violence sexuelle et de violence sexiste contre des femmes et des filles ont été relevés pendant leur détention.» Des cas «d’exécution extrajudiciaire» ont été constatés lors d’interventions policières. Par conséquent, 5 287 morts dans ces cas ont été révélés. En ce qui concerne la fragilité des droits politiques et civils, les lois et la politique instaurées par le gouvernement ont causé la dégradation de l’État de droit et le démantèlement des institutions démocratiques. Par ailleurs, l’on dénonce la répression sélective contre les opposants, les dissidents et leurs proches. «Les proches sont menacés de mort, épiés, intimidés et harcelés», «les femmes sont soumises à des violences sexuelles, sexistes et humiliantes dans les centres de détention». Au contraire, le gouvernement assure qu’il n’y pas eu de morts pendant les manifestations en 2018 et que seulement 29 personnes sont mortes entre janvier et mai 2019. Cette information est d’ailleurs en opposition avec le rapport de l’Observatoire vénézuélien des conflits sociaux (OVCS), dans lequel 14 morts ont été enregistrées dans le cadre des manifestations en 2018 et 66 morts entre janvier et mai 2019 selon le Haut-Commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme.
En outre, il y a la présence des soi-disant «collectifs chavistes», groupe civil armé qui, d’après le rapport, soutiennent les forces de sécurité dans la répression pendant les manifestations et la dissidence. «Le gouvernement a imposé une hégémonie communicationnelle où les médias indépendants sont restreints […] il y a eu des détentions arbitraires contre des personnes qui expriment leur opinion dans les réseaux sociaux.» De plus, l’ONU constate la fragilité des droits économiques et sociaux pour l’alimentation et la santé. «Les femmes sont contraintes de faire la queue 10 heures par jour pour avoir de la nourriture. Des sources locales ont rapporté des cas où les femmes ont été forcées d’échanger de la nourriture contre du sexe.» D’après les chiffres du Fonds des Nations unies pour l’alimentation, 3,7 millions de vénézuéliens se trouvent dans un état de dénutrition. Il faut ajouter là-dessus l’Enquête nationale sur les hôpitaux (2019) qui rend compte de la mort de 1 557 personnes à cause de l’absence de soins dans les hôpitaux.
Dans les recommandations du rapport, l’ONU exige du gouvernement Vénézuélien qu’il prenne immédiatement des mesures afin de faire cesser et prévenir la violation des droits humains, principalement les cas de tortures et d’exécutions extrajudiciaires. De même, il fait appel au démantèlement des groupes armés civils et des commandos de la police des Forces d’actions spéciales (FAES). La libération des personnes détenues arbitrairement est exigée, ainsi que la suppression de la mainmise du gouvernement sur les médias.
D’après CNN español
Traduit par Andrea Rico