Les opposants du président nicaraguayen Daniel Ortega réclament la libération de 89 prisonniers politiques au gouvernement nicaraguayen comme il l’avait promis. Le non-respect de sa parole entraînerait la privation des bénéfices économiques par l’Union européenne et les États-Unis.
Photo : El Periodico
L’opposition exigeant la libération des prisonniers a annoncé que le gouvernement de Daniel Ortega n’a pas tenu parole et que ceux-ci sont encore détenus. Cependant, le gouvernement affirme que plus de 490 détenus ont déjà été absous dans le cadre d’une loi d’amnistie. « La table de négociation a reçu une annonce du gouvernement concernant la libération sous 90 jours de tous les détenus dans le cadre des manifestations » a annoncé l’envoyé spécial de l’Organisation des États Américains (OEA), Luis Angel Rosadilla, lors d’une conférence de presse.
Sur ce, le gouvernement a ajouté que les opposants arrêtés aux manifestations anti-gouvernementales du printemps et de l’été 2018 étaient déjà en liberté, sous la condition que les opposants ne reprennent pas des actes qui amènent à des manifestations, d’après la loi d’amnistie. La répression par la Police nationale et des groupes pro-gouvernementaux armés a fait plus de 325 morts et 2 000 blessés. Ainsi le gouvernement se dit engagé dans la libération dans le cadre de négociations et, de cette manière, la communauté internationale lèverait aussi les sanctions économiques.
En cas de non-respect de cette parole, des acteurs internationaux comme les Etats-Unis et l’Union Européenne pourraient endurcir des sanctions économiques. Ces sanctions auront un délai jusqu’au 18 juin. En outre, l’application de la Nica Act, la loi instituant des sanctions économiques à cause de la répression contre l’opposition pourrait être endurcie en cas de non-respect, d’après un annoncé de l’ancien diplomate, Mauricio Díaz. Ces pénalités auront des conséquences graves dans l’économie après avoir eu une chute l’année dernière de 3,8% du PIB et la perte de plusieurs emplois.
Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) accompagnera la négociation entre les deux camps qui s’est conclue mercredi. Par ailleurs, les deux parties ont convenu également d’un programme de négociation et d’un appel à la communauté internationale pour régler les sanctions. D’après l’accord, « au moment souhaité, d’un commun accord entre les parties, il sera demandé à la communauté internationale de suspendre les sanctions pour faciliter le développement humain, économique et social du Nicaragua, au bénéfice des secteurs les plus vulnérables de la population ».
Des centaines de personnes sont détenues dans les prisons ; beaucoup sont des journalistes, des étudiants, des dirigeants syndicaux ou des paysans. Ils sont soumis à des abus, parfois à la torture. « Le président Daniel Ortega n’a démontré aucune réelle volonté de rendre justice aux victimes de la répression brutale exercée par la Police nationale et par des bandes d’individus armés lors des manifestations de 2018 » s’exclame José Miguel Vivanco, directeur de la division Amériques de Human Rights Watch. « La remise en liberté récente de dizaines de personnes qui étaient détenues dans le contexte des manifestations, dont beaucoup sont maintenant assignées à résidence et risquent toujours des poursuites judiciaires, ne peut faire oublier le fait que pas un seul policier ne fasse l’objet de la moindre enquête criminelle pour les passages à tabac, les viols, les arrachages d’ongles, les manoeuvres d’étouffement et les autres atrocités qui ont été commises ». En effet, c’est le témoignage d’un rapport basé sur des recherches de sources officielles, de documents judiciaires, de déclarations, photos, vidéos ou relevés médicaux.
« Le seul moyen de réduire les abus généralisés, de permettre aux Nicaraguayens de rentrer d’exil, de mettre fin à la censure et de restaurer l’indépendance du système judiciaire passe par l’application d’une pression soutenue par la communauté internationale qui devrait inclure des sanctions ciblées et une forte insistance pour que les responsables d’abus soient amenés à rendre des comptes », a affirmé José Miguel Vivanco.
Andrea RICO