Portrait électrisant de Linn da Quebrada, artiste à la présence scénique extraordinaire qui réfléchit sur le genre et ose affronter avec un rare panache le machisme brésilien. Le corps féminin trans comme moyen d’expression politique.
Photo : Bixa Travesty
Ce documentaire place sur le devant de la scène Mc Linn da Quebrada– Linn, pour les intimes ! Femme noire et transgenre dans une société où les actes racistes et anti LGBTI+ sont légions, d’autant plus qu’ils sont confortés par un parti au pouvoir aux revendications politiques des plus discriminatoires. Linn, par le simple fait d’exister, est un sourire tout en couleurs dans la mare de la normativité ambiante… Artiste ouvertement queer et coproductrice d’une émission de radio, c’est notamment par le slam que son talent de parolière atteint son apogée, affrontant par un humour aux rimes redoutables les esprits obtus autant que les institutions qui les encouragent.
Claudia Priscilla et Kiko Goifman nous montrent ainsi des performances azimutées au flow dansant et provocateur, entrecoupées de confessions en studio et d’émotions choisies, auprès de sa mère (les scènes avec elles sont très belles) ou d’amies aux gestes tendres, toujours prêtes à amortir les stigmates encore vifs de cette « terroriste du genre » aux vies protéiformes. Après Chavela Vargas, voici un documentaire rythmé et flamboyant, primé au Festival Amérique latine de Biarritz en 2018.
Alain LIATARD
Bixa Travesty de Goifman Kiko et Priscilla Claudia, Documentaire, Brésil, 1 h 15 – Voir la bande annonce