Les élections présidentielles de l’Argentine auront lieu le 27 octobre. Pour l’instant, le président actuel Mauricio Macri se présente de nouveau malgré la crise économique à laquelle le pays doit faire face. Quant à l’ex-présidente Cristina Kirchner, celle-ci renonce aux élections au vu du procès l’incriminant dans une affaire de corruption.
Photo : El Territorio
Malgré une crise économique et sociale qui bat son plein en Argentine, l’actuel président de centre droite, Mauricio Macri affirme vouloir se représenter aux élections à la présidentielle. Avec une inflation fulminante, le taux de pauvreté a explosé et le pays est plongé dans la récession. Au gouvernement depuis 2015, le président n’a pourtant pas été en capacité jusque-là de répondre à la crise de son pays. Lors des précédentes élections, Macri assurait pourtant que «L’inflation est la démonstration de l’incapacité à gouverner. L’élimination de l’inflation sera la chose la plus simple que j’aurai à faire si je suis président.» Or en 2018, l’inflation a atteint 48%. Mais le candidat continue de garder sa ligne de conduite et a annoncé que vouloir «Revenir au passé serait autodestructeur. Nous sommes sur le bon chemin.»
L’actuelle sénatrice de l’Argentine Cristina Fernández de Kirchner a annoncé le 18 mai qu’elle se porterait candidate à la vice-présidence de son pays lors des prochaines élections générales. Alors qu’elle était plutôt bien placée dans les sondages, elle abdique donc la campagne présidentielle comme candidate de gauche. Elle ne sera alors pas la principale concurrente de Macri. Durant sa course au poste de vice-présidente, CFK sera aux côtés de son ancien chef de cabinet Alberto Fernández, qui sera donc lui candidat à l’élection présidentielle. CFK a affirmé avoir «demandé à Alberto Fernández de prendre la tête du ticket que nous formerons, lui comme candidat à la présidence et moi comme candidate à la vice-présidence lors des primaires» du 11 août. Suite à ces déclarations, Alberto Fernández a déclaré qu’«ensemble, nous allons travailler pour mettre de l’ordre dans une économie qui, jour après jour, condamne les Argentins à la pauvreté.»
Alberto Fernandez est un avocat de 60 ans qui fut chef de gouvernement du président Nestor Kirchner de 2003 à 2008, puis de son épouse Cristina. Dans ces nouvelles élections présidentielles, il apparaît comme un politicien plus modéré, susceptible de rassembler au-delà des électeurs traditionnels de CFK. «La présence de Cristina Kirchner dans le ticket lui permet de conserver 100% de ses intentions de vote et d’offrir un candidat qui ne suscite pas autant de rejet que l’ex-présidente, dans la perspective du second tour» souligne Rafael Gentili, président du Laboratoire de politiques publiques d’Argentine. C’est donc une stratégie électorale de la part en direction des péronistes non kirchnéristes. Le mouvement péroniste, fondé par le président Juan Domingo Perón dans les années 1950, est actuellement divisé en deux factions, une de gauche dirigée par Mme Kirchner, et une plus centriste, sans leader défini.
Le retrait surprenant de Cristina Kirchner comme candidate à la présidentielle a été annoncé seulement trois jours avant le début de son procès pour corruption. CFK a était mise en examen dans plusieurs dossiers de malversations durant ses deux mandats à la tête de l’Argentine de 2007 à 2015. Protégée par son immunité parlementaire, elle avait jusque-là pu échapper à des mandats d’arrêt du juge Claudio Bonadio, qui instruit la plupart des affaires de corruption la visant. C’est au tribunal de Comodoro Py à Buenos Aires que l’accusée s’est rendue mardi 21 mai pour «répondre aux accusations de favoritisme dans l’attribution de marchés publics aux entreprises de l’homme d’affaires Lázaro Báez, qui gagnait pratiquement tous les appels d’offres dans la province de Santa Cruz pendant les gouvernements de Nestor puis de Cristina Kirchner.» Enfin, il faut noter que ce premier procès pour corruption ne sera probablement pas le dernier.
Eulalie PERNELET