Tucumán, en Argentine. Miguel tente de joindre les deux bouts en pratiquant le vol à l’arraché depuis sa moto. Un jour, alors qu’il dérobe son sac à une vieille dame, il la blesse grièvement. Rongé par la culpabilité, il tente de soulager sa conscience en s’occupant d’elle, sans lui dévoiler son identité. Mais plus il devient proche de sa victime, plus il s’empêtre dans ses mensonges et craint de lui révéler la vérité…
Photo : L’Homme à la moto
Agustín Toscano est né en 1981 à San Miguel de Tucumán. Comédien, scénariste et metteur en scène de théâtre et de cinéma, il a fait ses études à l’université nationale de Tucumán et à l’école de cinéma, vidéo et télévision de la même ville. Son premier long métrage, Los Dueños, coréalisé par Ezequiel Radusky, a été présenté à la 52e édition de la Semaine de la Critique en 2013 à Cannes où il a obtenu une mention spéciale du jury. Le film a également remporté le Condor d’argent du meilleur premier long métrage décerné par l’association des journalistes de cinéma d’Argentine. L’Homme à la moto est son deuxième long métrage.
«El Motoarrebatador, explique le réalisateur,s’inspire d’un événement qui s’est produit il y a plus de dix ans : deux motards ont traîné ma mère sur plusieurs centaines de mètres en essayant de lui dérober son portefeuille. À partir de ce souvenir, j’ai développé une intrigue imaginaire que j’ai mis du temps à élaborer. J’ai eu l’idée d’un voleur qui regrettait son geste et, à partir de là, j’ai écrit l’histoire d’un homme tourmenté par la culpabilité. C’est le parcours d’un homme poursuivi par son ombre et par sa conscience. Je pourrais dire que c’est l’histoire de deux personnes au travers desquelles les limites des préjugés sociaux, l’idée du bien et du mal, la dichotomie entre victimes et auteurs sont franchies. C’est un film qui navigue dans les complexités de l’esprit humain mais sur le ton de la comédie.»
«Contextuellement, il s’agit aussi d’une radiographie de la périphérie de Tucumán, la ville la plus petite et la plus surpeuplée d’Argentine. C’est un lieu quasi surréaliste où la police peut décider de se mettre en grève et où les habitants peuvent piller les supermarchés et en repartir sur leurs motos, chargées des marchandises qu’ils ont volées. Tucumán est à la périphérie de la périphérie, pourrait-on dire avec une certaine ironie, car l’Argentine est à la périphérie du monde réel.»
«Nous avons tourné en juin et juillet 2017, dans la province de Tucumán, au nord de l’Argentine, dont je suis originaire. Nous avons tourné dans des quartiers périphériques, très marginaux, avec d’énormes décharges d’ordures, mais aussi des collines imposantes, plantées de citronniers, qui représentaient un véritable contrepoint dramatique. Je voulais montrer l’environnement de mon personnage comme s’il s’agissait d’un véritable paysage intérieur désertique… Tout est allé dans le sens du film. Même la météo. Nous avons pu filmer des poursuites avec de vrais flics, tourner à l’intérieur de la prison, utiliser un supermarché entier comme décor. C’était merveilleux de recevoir l’appui de tant de gens, du gouvernement de Tucumán et de la municipalité. Très peu de films sont tournés dans cette région. Cela a généré une énergie très spéciale dont j’ai appris à en tirer profit.»
Cette histoire est très bien filmée et le réalisateur a donc su utiliser les lieux de cette ville de Tucumán. L’interprétation est bonne également car Agustín Toscano avait déjà filmé avec les mêmes protagonistes et les avait mis en scène au théâtre. Sortie le 3 avril 2019.
Alain LIATARD
L’homme à la moto d’Agustín Toscana, Drame, Uruguay-Argentine, 1 h 33. Voir la bande annonce
Aussi en salle cette semaine : Tito et les oiseaux, un film d’animation brésilien
Tito a 10 ans et vit seul avec sa mère. Lorsqu’une étrange épidémie commence à se propager dans la ville, transformant les gens en pierres chaque fois qu’ils ont peur, Tito comprend que le remède pourrait être lié aux recherches que son père avait faites avec des oiseaux. Accompagné par ses amis, il se donne alors pour mission de sauver le monde.
Tito et les oiseux de Gustavo Steinberg, Drame, Brésil, 1 h 13. Voir la bande annonce