Le 10 janvier, Nicolás Maduro a été réinvesti président de la République bolivarienne du Venezuela pour un second mandat 2019-2025. La cérémonie a eu lieu au Tribunal suprême de justice (TSJ) et le serment a été présidé par Maikel Moreno. Seuls cinq présidents ont assisté à la prise de pouvoir de Maduro : Miguel Díaz-Canel de Cuba, Evo Morales de Bolivie, Daniel Ortega du Nicaragua, Salvador Sánchez du Salvador ainsi que Anatoly Bibilov d’Ossétie du Sud.
Photo : Prensa Presidencial/Miraflores
Parmi les invités à l’investiture étaient présents Mohammed Sanussi Barkindo, secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Han Changfu, ministre de l’Agriculture de la Chine, Amir Hatami, ministre de la Défense de l’Iran, entre autres figures politiques. Mais les États-Unis, les membres du Groupe de Lima ainsi que l’Union européenne ne reconnaissent pas Nicolás Maduro comme président légitime du Venezuela et déclarent urgent que le parlement convoque de nouvelles élections libres et démocratiques dans le pays.
À la suite de la prise de pouvoir de Maduro, l’Assemblée nationale, composée principalement de députés de l’opposition (112 sur 167 sièges), a déclaré illégitime son nouveau mandat. Le nouveau président du parlement, Juan Guaidó, a convoqué une manifestation nationale le 23 janvier prochain pour dénoncer la fraude électorale et l’illégitimité de Maduro. Le 23 janvier est une date historique pour la démocratie vénézuélienne : c’est le jour où le dictateur Marcos Pérez Jiménez a été renversé lors d’un mouvement civico-militaire en 1958 et que la démocratie a pu s’installer dans le pays.
Depuis quelques années, la démocratie périclite au Vénézuela. La séparation des pouvoirs est de plus en plus contestée, comme l’utilisation du Tribunal suprême de justice pour persécuter les opposants au régime, notamment lors du procès contre Leopoldo López en juillet 2014. De plus, cette institution s’attribue les fonctions de l’Assemblée nationale, jugée outrageuse depuis 2016 après l’incorporation de quatre députés d’Amazonas qui avaient prétendument acheté des votes. Le pouvoir législatif au Venezuela passe désormais par le TSJ, présidé par Maikel Moreno, magistrat lourdement sanctionné financièrement et diplomatiquement par la communauté internationale. Le pouvoir détenu par l’Assemblée nationale est de plus en plus limité de ce fait et perd progressivement le soutien du peuple. D’où la nécessité de l’opposition de se refonder et de mettre en avant de jeunes figures qui puissent remonter le moral de la société vénézuélienne face à l’intense crise que subit le pays.
Juan Guaidó est un ingénieur industriel et homme politique de 35 ans, député de la région de Vargas pour le partiVoluntad Popular, le même parti que celui de Leopoldo López. Le 5 janvier dernier, il a été élu président de l’Assemblée nationale pour la période 2019-2020. Il fait partie de la génération des jeunes étudiants qui a été lourdement réprimée lors des manifestations de 2007 contre le référendum constitutionnel proposé par Hugo Chávez. Juan Guaidó compte avec le soutien de la communauté internationale ; Luis Almagro, le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) lui a fait ses compliments lors de son investiture le 5 janvier dernier.
Dimanche dernier, il a été détenu pendant quelques heures par les services de renseignements du gouvernement (SEBIN). Il a été libéré peu de temps après et a affirmé qu’il n’avait pas peur, lors d’un rassemblement politique dans le quartier de Caraballeda situé dans la région de Vargas à 40 km de la capitale.
Le 23 janvier est une date symbolique pour le Venezuela et surtout pour sa démocratie. L’Assemblée nationale ainsi que tous les opposants au régime encouragent cette manifestation, qui est censée atteindre «tous les coins du pays» pour lutter contre l’usurpation du pouvoir et le retour à la démocratie au Venezuela.
Gilberto OLIVARES