Une enquête est ouverte sur la leader de l’opposition pour blanchiment d’argent. Le juge péruvien Richard Concepción Carhuancho a condamné le 1ernovembre 2018 la leader de l’opposition Keiko Fujimori à 36 mois de prison préventive, dans le cadre de l’enquête qui se poursuit pour blanchiment d’argent présumé lors de sa campagne électorale de 2011.
Photo : andina-pe
«La cour considère qu’il existe de graves soupçons sur la participation de la coupable présumée Keiko Sofia Fujimori au délit de blanchiment d’argent en sa condition de leader d’organisation créé de facto à l’intérieur du parti Fuerza 2011»a indiqué le juge en soutenant sa décision. Fuerza 2011 est devenu aujourd’hui Fuerza Popular, parti présidé par Keiko Fujimori. Le juge considère qu’il y a suffisamment d’éléments pour suspecter que celle-ci a ordonné aux dirigeants de cette organisation politique le blanchiment de grandes quantités d’argent.
Pour délit de blanchiment d’argent aggravé, la fille de l’ancien président Alberto Fujimori se trouve face à une éventuelle condamnation d’au moins dix ans de prison. Après avoir lu sa décision pendant plus de sept heures, le magistrat Concepción Carhuancho, titulaire du Premier Tribunal d’Investigation Préparatoire de la Cour Pénale Nationale du Pérou, a justifié la nécessité de placer Keiko Fujimori en détention préventive pour danger de falsification de preuves et intimidation de témoins. Le juge a mentionné dans sa décision les déclarations de témoins qui affirment que Keiko Fujimori a tenu des réunions avec l’ancien juge César Hinostroza, actuellement en détention provisoire en Espagne, afin d’obtenir de celui-ci un traitement de faveur dans les procédures judiciaires auxquelles elle est confrontée.
Hinostroza, accusé d’être à la tête d’un grand réseau de corruption dans la magistrature, présidait la Seconde Cour Pénale Transitoire de la Cour Suprême de Justice du Pérou et pour celle-ci, devait résoudre deux recours présentés par Fujimori afin de classer l’enquête contre le blanchiment d’argent menée par le procureur José Domingo Pérez.
Risque de fuite
Le magistrat a décrété qu’il existe aussi un «grand et intense» risque de fuite. Bien que Fujimori fasse l’objet d’une assignation à résidence et d’une interdiction de mener à bien ses activités, il n’a pas prononcé d’interdiction professionnelle mettant en doute que présider le parti Fuerza Popular génère un lien professionnel. De la même manière, il considère qu’une partie de l’argent blanchi par Fuerza 2011 (un million de dollars) provient de l’entreprise de construction brésilienne Odebrecht, qui a payé des pots-de-vin à une douzaine de pays d’Amérique latine afin d’obtenir en échange des chantiers de construction valant des millions.
Giuliana Loza, l’avocate de Keiko Fujimori, a immédiatement fait appel à la décision du juge. Décision qui incluait les 36 mois de détention préventive, durée maximum possible, que le procureur Pérez avait demandés. La décision fut émise alors que, dans une cour supérieure, la récusation présentée par l’avocate de Fujimori contre le juge était encore en suspens. Giuliana Loza considère celui-ci partial pour avoir ordonné trois semaines plus tôt une détention préliminaire de dix jours contre Fujimori et d’autres accusés.
El Periodico (Lima)
traduit par Géraldine GIRAUD