Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a renoncé dimanche à sa réforme controversée des retraites, point de départ de violentes manifestations qui ont fait au moins 25 morts, les plus violentes depuis l’arrivée au pouvoir de Daniel Ortega il y a onze ans. Nous reproduisons ici un article publié par Radio Canada.
Photo : Teletica
Lors d’une rencontre avec des chefs d’entreprise, le chef d’État de gauche a annoncé que l’Institut nicaraguayen de sécurité sociale (INSS) ne mettrait finalement pas cette réforme en œuvre. Celle-ci devait équilibrer le système de retraites en augmentant les contributions des salariés comme des employeurs et en diminuant de 5 % le montant des pensions, le tout sur recommandation du Fonds monétaire international (FMI).
«Le gouvernement est totalement d’accord pour reprendre le dialogue pour la paix, pour la stabilité, pour le travail, afin que notre pays ne soit pas confronté à la terreur que nous vivons en ces moments», avait déclaré un peu plus tôt Daniel Ortega à la télévision nationale.
Toutefois, selon le président, les manifestants sont soutenus par des groupes politiques opposés à son gouvernement et financés par des organisations extrémistes des États-Unis. Leur but est de «semer la terreur, semer l’insécurité et détruire l’image du Nicaragua après 11 ans de paix, afin de prendre le pouvoir», avait-il martelé.
Le président Ortega n’avait pas encore fait de sortie publique depuis le début de la crise. À la suite du premier discours d’Ortega, des centaines de jeunes avaient à nouveau violemment affronté les forces de l’ordre dans la capitale, Managua.
Population exaspérée
Le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (CENIDH) a fait état de la mort de 24 personnes à l’AFP, qui a obtenu confirmation auprès des familles des victimes. Parmi les victimes figurent des étudiants, des policiers et de jeunes sympathisants du Front sandiniste au pouvoir, accusés de s’être attaqués aux manifestants. Une centaine de personnes ont aussi été blessées dans ces manifestations, les plus violentes depuis que Daniel Ortega a été porté au pouvoir, il y a 11 ans.
Les troubles ont débuté mercredi dans un grand nombre de villes du pays. La population du Nicaragua est exaspérée par les hausses permanentes des tarifs de l’électricité et du carburant, les suppressions de postes dans le secteur public et la réduction des mesures d’aide sociale, ont expliqué des analystes.
Les rues de Managua étaient jonchées de débris dimanche, selon des journalistes de l’AFP sur place, qui ont aussi assisté à des scènes de pillage. Les habitants se pressaient vers les magasins et supermarchés pour se faire des provisions. Les files d’attente s’allongeaient devant les stations d’essence.
Dans les villes voisines de Leon et Masaya, des bâtiments publics ont été mis à sac, des véhicules incendiés et des centres commerciaux pillés, selon le gouvernement. Des soldats armés de fusils ont été déployés devant les bâtiments administratifs.
Appels au calme
Washington a condamné dimanche «la violence et la force excessive utilisées par la police et d’autres personnes contre les civils qui exercent leur droit constitutionnel à la liberté d’expression et de réunion».
Pendant ce temps, l’Union européenne affirmait que «la violence est inacceptable», que «les manifestations doivent se dérouler pacifiquement» et que «les forces de l’ordre doivent intervenir avec la plus grande retenue».
Le pape François a de son côté affirmé son inquiétude, appelant à la fin des violences et à un règlement pacifique de la crise.
D’après Radio Canada