Après une campagne électorale marquée par des discours liés à la religion et la tournure inédite du deuxième tour, les citoyens costariciens ont choisi entre les candidats (qui ne partagent pas seulement leur nom) le plus jeune et le plus progressiste des deux. C’est l’ancien ministre du Travail, Carlos Alvarado, qui, à 38 ans, sera le prochain président du pays centre-américain.
Photo : Ticotimes
En cette semaine de Pâques, le deuxième tour des élections a été marqué par la polarisation et l’augmentation de la participation citoyenne : 67% contre moins de 66% lors du premier tour. Avec 60,74% contre 39,26% des voix, le candidat évangélique Fabricio Alvarado, du parti Restauration National (Restauración Nacional), perd l’élection présidentielle face au candidat du parti Action Citoyenne, dit PAC (Partido de Acción Ciudadana), Carlos Alvarado.
Avec un discours conservateur et des propositions contre le mariage homosexuel, Fabricio Alvarado, qui est connu comme prêtre évangélique et interprète de chansons chrétiennes, gagne le premier tour avec 24,9% des voix environ. Or, les élections ont pris une voie plus polarisée lorsque le candidat du parti de Restauration Nationale a proposé l’idée de retirer le Costa Rica de la Cour Interaméricaine des droits humains, puisque celle-ci défend le mariage pour tous. De plus, le soutien pour l’aspirant évangélique a commencé à se désintégrer lorsque la presse a exposé sa relation avec un leader néo-pentecôtiste, l’apôtre Rony Chaves, qui a fait des commentaires péjoratifs sur les figures du catholicisme, la religion majoritaire au Costa Rica.
D’autre part, Carlos Alvarado a opté pour un discours d’unité nationale, il s’est montré favorable au mariage homosexuel et optimiste quant au futur du pays, il semble déterminé à mener le Costa Rica vers de meilleurs opportunités. Auteur de trois nouvelles et détenteur du prix Jeune création (Joven creación) en 2006, Carlos Alvarado est connu par la population costaricienne pour son travail littéraire. En revanche, sa participation au sein de l’ancien gouvernement l’a fait connaître dans la sphère politique. Carlos Alvarado a dû se détacher de l’image du gouvernement sortant, salie par la corruption, et recourir à une autre stratégie pour arriver au pouvoir. Il a soutenu un discours d’unité avec conviction, appelant les forces législatives à éviter la polarisation et à œuvrer communément pour «le bien du Costa Rica». De plus, dans cette campagne marquée par les symboles, il a décidé d’utiliser le drapeau du pays au lieu de brandir celui de son parti pour interpeler l’électorat.
Enfin, lors des élections législatives, le parti Restauration Nationale a obtenu 14 des 57 sièges à l’assemblée, ce qui le positionne comme la deuxième force politique du pays. Après sa défaite, Fabricio Alvarado a déclaré : «Nous ne sommes pas tristes parce que nous avons fait l’histoire, notre message a touché les fibres les plus sensibles de ce pays.» Ensuite, il a accepté les résultats et a montré son soutien au nouveau gouvernement du PAC qui commence le premier mai : «Je félicite Carlos Alvarado et, une fois les résultats donnés, je l’ai appelé, je l’ai félicité et je lui ai dit qu’il pouvait compter sur nous.» Le jeune président de 38 ans, écrivain, ancien ministre et ancien musicien, devra maintenant affronter les quatre plus grands problèmes du pays : la dette externe du secteur public, la détérioration de la sécurité, l’inégalité et la polarisation de la société.
Jonathan CORONEL