Intégration plutôt que criminalisation. À la veille d’un débat au Congrès concernant les nouvelles lois sur l’immigration, des centaines de « migrantes » résidant au Chili ont manifesté, la semaine dernière, dans les rues de Santiago au cri de « Aucun être humain n’est illégal ».
Photo : Rosana Goitía Emol
Les pays de l’Amérique du sud ont toujours été des pays d’immigration. Jusqu’à présent, il s’agissait surtout de colons venus d’Europe, du Moyen-Orient et, dans une moindre mesure, d’Asie. Le Chili est redevenu une terre d’immigration, mais cette fois en provenance des autres pays du continent : Péruviens (21 %), Colombiens (18 %), Haïtiens (16 %), Vénézuéliens (15 %) et Boliviens (13 %) sont les principaux nouveaux arrivants. Il y aurait environ 600 000 étrangers au Chili, un pays de 17 millions d’habitants. La majorité des demandeurs de visa recherchent du travail, le pays étant considéré comme plutôt développé du point de vue économique et stable du point de vue politique.
Les futures lois d’immigration du nouveau gouvernement
Le Congrès chilien est sur le point de définir de nouvelles lois sur l’immigration. Mais l’incertitude règne, car le nouveau gouvernement mené par le conservateur Sebastián Piñera et le nouveau Congrès prendront leurs fonctions le 10 mars, ce qui pourrait changer la donne. La crainte des associations est que les migrants soient criminalisés plutôt qu’intégrés au marché de l’emploi. Dans une interview à Radio Cooperativa, le directeur du Service jésuite aux migrants, Pablo Valenzuela, recommande au nouveau gouvernement « d’envisager la migration depuis le point de vue des droits humains » et d’écarter celui de la criminalisation. C’est pour se rappeler au bon souvenir de la population que les migrants ont marché dans les rues de Santiago : « Nous contribuons au développement et à la richesse du pays ».
« Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants »
Les immigrés sont souvent accusés de tous les maux qui affectent un pays. Les difficultés rencontrées par une partie toujours plus importante de la population, liées à la crise de légitimité du néolibéralisme, à la dégradation des services publics et à l’augmentation des inégalités depuis la crise financière provoquée par les banques en 2008, un phénomène également connu en Europe, attise l’hostilité envers les migrants. Sans oublier des discours politiques opportunistes et racistes qui veulent en faire un bouc émissaire. Ceci est vrai tant au Chili que dans le reste du monde… Une des revendications majeures des marcheurs était « Amnistie migratoire », c’est-à-dire une demande de régularisation des situations. Certains migrants résident et travaillent au Chili depuis plusieurs années, mais sont toujours considérés comme « illégaux », ce qui favorise leur exploitation par des patrons peu scrupuleux. L’objectif de la manifestation est de déclarer que « les migrants veulent faire partie de la solution, pas du problème ».
Jac FORTON