Deux mois après les primaires (PASO), les Argentins étaient à nouveau appelés aux urnes le dimanche 22 octobre pour les élections législatives. À la clé, 127 (sur 257) sièges de députés et 24 (sur 72) de sénateurs. Face à la délicate situation économique du pays, avec des taux de chômage et d’inflation très élevés, il ne restait qu’à savoir la réaction via les suffrages de l’électorat de la troisième économie de l’Amérique latine.
Photo : Prensa Argentina
Avec une participation de 78 %, taux élevé dû au caractère obligatoire du vote en Argentine, Cambiemos (Changeons), la coalition de centre-droit de l’actuel président de la République Mauricio Macri a largement remporté la victoire. Selon le journal La Nación, le scrutin a donné au parti au pouvoir 40,59 % de voix, soit 62 sièges de députés sur 127 et 12 de sénateurs sur 24. En deuxième position, la coalition Unión Ciudadana (Unité Citoyenne), fondée par l’ex-présidente Cristina Kirchner, a remporté quant à elle 39 sièges de députés avec 21,03 %.
L’arrivée du président Macri, fils de multimilliardaire dont l’un des amis d’affaires est Donald Trump, a entraîné la mise en place, selon les observateurs politiques, d’une politique fondée sur le néo-libéralisme économique. Plutôt contestée par la société argentine, cette action du gouvernement vient d’être validée par les résultats de dimanche. Selon La Nación, de nouvelles réformes économiques sont ainsi à prévoir en fonction des recettes du néolibéralisme, d’autant que l’économie argentine reste très faible, avec des taux d’inflation et de chômage demeurant assez élevés.
Outre le fait que la société argentine a la nécessité de voir son économie s’améliorer et qu’elle est prête à faire des sacrifices pour y réussir, il y a une deuxième raison qui explique le succès de Macri : c’est le ras le bol des Argentins envers ses anciens mandataires, dont les plus proches des différents gouvernements des Kirchner, surnommés Groupe K (Grupo K). Cette semaine est survenue la détention de l’un de ses hommes les plus puissants : Julio de Vido, l’ancien ministre de la Planification fédérale, censé avoir été le fonctionnaire qui a administré le plus d’argent public (deux cent milliards de dollars, selon le journal Clarín) durant les douze années de son mandat. Cette fois, l’ex-ministre de la Planification est accusé d’avoir détourné 26 milliards de dollars destinés à la reconversion de la mine de charbon de Río Turbio. Elisa Carrio, l’une des leaders de la coalition Cambiemos, a déclaré à Clarín que de Vido a toujours joué le rôle de caissier des Kirchner et qu’elle espère que les poursuites judiciaires vont atteindre le plus haut de l’ancienne hiérarchie, y compris l’ex-présidente, également mise en examen par la justice dans d’autres affaires de corruption.
La chute de Julio de Vido a mis en évidence une forte division chez l’opposition. Ce désaccord a été clairement montré à l’occasion du vote pour lever l’immunité de l’ancien ministre. Selon Clarín, ceux qui ont jadis été ses collègues du Front pour la Victoire (FPV) non seulement ne sont plus prêts à le défendre, mais sont également capables de voter contre lui, comme cela a été le cas lors du vote précédemment cité.
Dans l’éditorial de La Nación du 24 octobre, Santiago Dapelo souligne la nouvelle situation du président de la République. Renforcé par les résultats, Macri se voit investi de l’autorité nécessaire pour mettre en œuvre les changements dont le pays a besoin selon lui. C’est ainsi que Macri, depuis le lendemain des élections, fait désormais appel au dialogue, en profitant de sa position de force, avec tous les agents économiques et sociaux du pays. Il est donc prévu qu’ils soient convoqués dans les jours à venir dans le but de conclure un grand accord national pour l’adoption des réformes dans tous les domaines : éducation, fiscal, travail, etc., des réformes qu’il juge nécessaires pour faire avancer le pays.
Mario PÉREZ MORALES