Dans le cadre de l’année croisée France-Colombie 2017, deux temps forts de l’automne pour le cinéma colombien à Paris avec le Panorama du cinéma colombien et 100% doc Colombie : regards féminins.
Pour sa cinquième édition, l’Association Le Chien qui aboie (association pour la promotion et la diffusion du cinéma d’Amérique latine) présente du 11 au 17 octobre 2017 un Panorama du Cinéma colombien à Paris dans le cadre de l’année France-Colombie. En avant-première a été projeté le documentaire El silencio de los fusiles de la journaliste et réalisatrice Natalia Orozco où l’on voit les différentes étapes du processus de paix depuis 2010 en Colombie à partir de témoignages des principaux acteurs et médiateurs de tous bords sur les nouvelles négociations commencées en 2012 à Cuba.
Vitalité du cinéma colombien
Les 14 longs métrages et 14 courts métrages inédits, fictions et documentaires, présentés dans ce festival témoignent du renouveau et de la vitalité du cinéma colombien contemporain. Ce sont aussi des rencontres avec plusieurs réalisateurs colombiens qui abordent des thèmes autour des conflits armés et politiques, autour de l’amour, de la nostalgie de la terre et de la famille, de la relation à l’intime et à l’environnement immédiat. Comme le précise Bibata Uribe, universitaire spécialiste du cinéma colombien : « À l’aube d’une nouvelle ère dans l’histoire du pays avec en particulier l’accord de paix signé entre le gouvernement et la guérilla des Farc, la société civile se prépare, non sans hésitations, à une réorganisation profonde sur le processus d’identité, sur la mémoire commune, sur le deuil et la nécessaire reconstruction. Le cinéma colombien, ce territoire imaginé comme une réverbération de la réalité, se fait l’écho des questionnements multiples. » Cette année, le festival décernera un prix du public avec un jury. Une section parallèle présente des films du Pérou, du Mexique et de Cuba, tous coproduits avec la Colombie.
Au-delà du cinéma
Ce festival, c’est aussi de la musique avec, par exemple, Les Valientes Gracias, un groupe de femmes qui, à travers la cumbia ou le bullerengue, proteste contre la condition des femmes en Colombie et ailleurs, avec les percussions africaines et les flûtes des Indiens de la Sierra Nevada de Santa Marta. Ou encore Ivan Gaona, l’auteur compositeur de la B.O. du film Pariente présenté en clôture du festival. On pourra voir une exposition Telúricos de l’artiste Oscar González Guache, créateur du visuel du Panorama 2017, entre muralisme et graffiti, ainsi que l’exposition « Rituel de Mémoire« , en parallèle à la présentation du film Oscuro Animal par le réalisateur Felipe Guerrero et la photographe Carolina Navas. À l’occasion de sa 5e édition, Le chien qui aboie réalise pour la première fois une itinérance dans plusieurs villes de France avec huit cinémas et organismes partenaires qui présentent six films de la sélection 2017 et accueillent des réalisateurs.
100 % Doc : Des regards féminins colombiens
100% doc fait partie depuis 2015 de la programmation du Forum des images à Paris. Cette année en particulier, du 31 octobre au 7 novembre, le Forum des images met à l’honneur trois générations de femmes cinéastes colombiennes des années soixante aux années 2010. Singuliers et pluriels, ces « regards féminins » sont tour à tour sensibles, intimistes, engagés, révoltés, poétiques, et écrivent en 20 séances une histoire vivante de la Colombie. Coup d’envoi mardi 31 octobre en présence des réalisatrices Marta Rodríguez (Chircales) et Catalina Mesa (Jericó, el infinito vuelo de los días). Marta Rodríguez, la cinéaste pionnière en Colombie, a consacré sa vie aux luttes des communautés indiennes dont les territoires sont dévastés par la guerre ou les défoliants, et s’est engagée auprès des populations déplacées par la guerre civile, des paysans spoliés de leurs terres, des femmes exploitées, des enfants victimes des mines. Cinq films de Marta Rodríguez seront projetés à cette occasion pour une rétrospective. Le documentaire de Catalina Mesa présenté en avant-première, Jericó, el infinito vuelo de los días, dresse, avec un regard plein de tendresse, plusieurs portraits intimes de femmes d’âges et de conditions sociales différents dans le village de Jericó (Antioquia). Ce film a reçu de nombreux prix dont celui du meilleur documentaire au festival Cinelatino à Toulouse en 2017. On pourra rencontrer bien d’autres cinéastes, comme Catalina Villar et son travail sur les migrants dans un quartier de Medellín, Patricia Ayala avec Un asunto de tierras, un documentaire sur l’exécution de la loi pour la restitution des terres, ou le portrait de Camilo Aroyo, héritier d’une grande famille colombienne, installé sur la côte pacifique, et devenu le Don Ca, respecté de tous.
À signaler : le mercredi 1er novembre à 19 h se tiendra une table ronde autour de la question « Existe-t-il un cinéma colombien au féminin ? », avec Marta Rodríguez, Patricia Ayala et María Isabel Ospina. Sortie du numéro 25 de la revue Cinémas d’Amérique latine édité par L’Arcalt de Toulouse et les Presses universitaires du Midi, intitulé Caliwood et le cinéma colombien.
Chantal GUILLET