Le président argentin Mauricio Macri doit faire face à de nombreuses difficultés ces dernières semaines, dont le moindre n’est pas le retour en politique de l’ancienne présidente Cristina Fernández de Kirchner qui vient de déclarer sa candidature à sénatrice pour Buenos Aires. En août prochain auront lieu les primaires pour les élections législatives du 22 octobre 2017. Ce sera le premier test de popularité pour le gouvernement du président Mauricio Macri qui affronte ces dernières semaines une série de revers.
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Son chef des services secrets accusé de corruption | Dans le cadre du scandale de corruption du Lava Jato (Lavage express) au Brésil dans lequel des chefs d’entreprise brésiliens reconnaissent avoir payé des pots-de-vin à de nombreux fonctionnaires de divers pays, l’un d’entre eux, Leonardo Meirelles, avait avoué avoir transféré plus de 800 000 dollars de « coimas » (pots-de-vin) à Gustavo Arribas, proche du président Macri et chef de ses services secrets. Arribas avait toujours nié ces transferts mais Meirelles vient de donner à la justice brésilienne plus de 4 000 reçus de ces transferts dont ceux adressés à Arribas. Il confirme : « Mes entreprises n’ont jamais effectué de paiements à l’extérieur qui ne soient pas des pots-de-vin à quelqu’un du pays d’origine pour obtenir des travaux. Aucun (1) ! »
Le gouvernement attaque les plus vulnérables… | … et se fait taper sur les doigts par la justice ! Pour limiter les dépenses publiques, Carolina Stanley, ministre du Développement social, avait coupé les allocations aux personnes handicapées ! Cette mesure provoqua une mobilisation massive des handicapés autour de l’Obélisque de Buenos Aires. Plusieurs personnes handicapées assistées de députés de l’opposition ont alors déposé plainte devant la justice fédérale de Viedma qui leur a donné raison : la juge Mirta Filipuzzi a souligné « la transcendance sociale des droits affectés » et reconnu que les mesures prises par le ministère « portent atteinte au droit collectif « . La juge oblige le gouvernement à restituer aux handicapés les pensions suspendues.
Hémorragie de ministres pour « dissensions » avec le gouvernement | Ce fut d’abord la sortie du ministre des Finances Alfonso Prat Gay qui trouvait les mesures budgétaires trop dures : « Je suis préoccupé par l’augmentation des prix chaque semaine ». Puis le président de la Banque centrale, Carlos Melconian, se retire pour désaccord avec la politique économique. Tout récemment, Susana Malcorra, ministre des Affaires étrangères donne sa démission pour « différences entre elle et le président sur l’attitude politique à adopter envers la crise vénézuélienne ». Malcorra était pour « une augmentation progressive de la pression » sur le gouvernement vénézuélien alors que « le président Macri a de suite adopté une position dure ».
Une dette pour les 26 prochains gouvernements ! | Alors que l’Argentine des Kirchner avait réussi à payer toutes ses dettes envers le FMI et remboursait régulièrement ses créances envers le Club de Paris, le gouvernement Macri vient de contracter une dette envers quatre banques internationales que les Argentins vont devoir payer pendant 100 ans à un taux de 7,9 % annuel. Cette mesure a été qualifiée de « folie » par le Financial Times de Londres. Pour l’économiste Silvina Batakis, « le prêt conditionnera les conditions financières des 26 prochains gouvernements ! »
La justice s’en mêle | Le 22 juin, des députés du Front pour la Victoire ont déposé une plainte contre le président et son ministre des Finances Luis Caputo pour le prêt à cent ans. Le juge Juan Pedro Zoni a mandaté le juge Ariel Lijo « à investiguer si ce prêt n’impliquait pas un préjudice envers l’État argentin ». Pour obtenir 2,75 milliards de prêts, l’Argentine devra payer 19,6 milliards d’intérêts ! Pendant ce temps, les banques argentines ont fait 69,6 milliards de dollars de bénéfices grâce à de hauts taux d’intérêt et le paiement de commissions.
Grand retour de l’ancienne présidente Cristina Kirchner | « Grand retour » car le 20 juin, l’ancienne présidente a convoqué ses partisans à une réunion publique dans le stade du club de football Arsenal. Non seulement le stade était plein à craquer (tribunes et terrain) mais des milliers de personnes écoutaient son discours à l’extérieur du stade. Fernández annonce alors la création d’un nouveau parti, l’Unité citoyenne (UC) « parce qu’il est indispensable de mettre un frein au libéralisme » effréné du gouvernement Macri. « Sur l’Argentine est tombé le fantasme du chômage, de la flexibilité du travail, la chute des salaires, les tarifs impossibles à payer et maintenant une dette pour 100 ans ! » Le 25 juin, elle annonce sa candidature à sénatrice pour l’UC avec comme suppléant Jorge Taiana, un ancien ministre des Affaires étrangères bien considéré par le pays.
Jac FORTON