Une jeunesse latino-américaine a beaucoup milité pour la révolution cubaine

Dimanche prochain à Santiago de Cuba se tiendront les funérailles officielles de Fidel Castro, mort à 90 ans et retiré du pouvoir depuis une dizaine d’années. Le triomphe de la révolution cubaine, en janvier 1959, a éveillé un élan massif de la jeunesse latino-américaine et mondiale. Tout particulièrement celle des années soixante qui a milité avec beaucoup de détermination pour une révolution qui servirait de modèle pour une société plus juste et égalitaire.

Nous avons été témoins, en novembre 1971, de la visite au Chili, pendant près d’un mois, du commandant Fidel Castro venu parcourir plusieurs villes et régions chiliennes. Il était accompagné d’une autre icône de la gauche latino-américaine, le leader charismatique Salvador Allende, élu à la présidence en septembre de l’année précédente. Nos souvenirs sont encore très vifs de nos longs débats sur le campus et dans les usines chiliennes pour aider le peuple cubain à atteindre son objectif : dix millions de tonnes de sucre, épuisant le pays avec l’amer constat qu’à la fin, l’objectif ne serait jamais atteint.

Une génération entière a aimé la révolution cubaine. Les présidents des États-Unis n’ont jamais accepté qu’une minuscule île, à quelques kilomètres de Miami , devienne une terre socialiste et ont tout fait pour arrêter le processus révolutionnaire. Un blocus économique, encore en place aujourd’hui, n’a pas réussi à émousser le régime en place mais a obligé les autorités cubaines à se rapprocher du grand frère de la patrie socialiste, l’URSS. La suite est connue par tous : la jeunesse des années soixante se divisait entre ceux qui accusaient les États-Unis d’être la cause de la crise financière cubaine et d’autres, qui mettaient en cause un régime qui devenait autoritaire, collé aux modèles de régimes dirigés par un parti unique et un contrôle strict des libertés et de toute opposition politique.

Nous avons tant aimé la révolution. Elle nous a fait rêver, nous a donné l’émotion d’une jeunesse transformant le monde pour construire un homme nouveau et une société pour un monde meilleur, plus humain, juste et fraternel. Nous avons tant aimé les révolutions qui pouvaient changer tant de misère et d’injustice. À la mort de Fidel Castro, nous ne parlons plus de révolution. Ni de modèles alternatifs à un monde globalisé où les disparités abyssales creusent les désespoirs d’une planète entière. À la recherche d’une nouvelle et véritable révolution ?

Januario ESPINOSA