L’œuvre majeure du chilien Roberto Bolaño, 2666, qui a connu un succès mondial et qui est publié en français par les éditions Christian Bourgois, va être adaptée par le metteur en scène Julien Gosselin lors du festival d’Avignon, dont la 70e édition débute le 6 juillet. La pièce d’une durée de 11h30, entractes compris, est programmée les 8, 10, 12 et 14 juillet à 14 heures. Elle sera reprise à Paris pour la rentrée.
Tout au long de sa vie, la littérature de Roberto Bolaño sera nourrie de ses expériences et de ses voyages : au rythme des changements de régime politique, il s’installe tour à tour en Amérique Latine et en Europe. L’écrivain chilien est notamment connu pour ses livres La Littérature nazie en Amérique, ou encore Amuleto. Mais c’est à sa mort, en 2003, qu’il laisse un dernier manuscrit d’envergure publié ensuite à titre posthume : 2666. L’intrigue nous plonge dans la ville mexicaine fictive de Santa Teresa, frappée par une mystérieuse série de meurtres de femmes. Elle n’est pas sans rappeler la ville, très réelle cette fois-ci, de Ciudad Juárez, à la violence tristement célèbre. 2666 aborde en effet des thèmes difficiles parmi lesquels la mort, le mal et le sens de l’existence. Ce qui n’empêche pas l’auteur de créer des passerelles entre les genres, les époques, les personnages et les lieux, et de faire ainsi de son roman un croisement de multiples histoires qui illustrent toutes la dureté du monde et la cruauté des hommes.
C’est avec l’adaptation de ce roman que le jeune Julien Gosselin revient à Avignon, trois ans après sa mise en scène des Particules élémentaires de Michel Houellebecq. Le défi est de taille : avec son collectif « Si vous pouviez lécher mon cœur », Gosselin a fait des 1 000 pages de l’œuvre de Bolaño un spectacle dont la durée avoisine les douze heures, entractes compris ! Le metteur en scène se risque donc à un projet ambitieux, qui ne peut que bousculer le public. Cette adaptation est néanmoins l’une des plus attendues de la 70ème édition du festival d’Avignon, malgré la relative célébrité de l’écrivain chilien hors du monde hispanophone. Bolaño reste indéniablement une voix majeure de la littérature latino-américaine contemporaine, à laquelle Gosselin tentera de faire écho pendant tout le mois de juillet à Avignon, puis au début de l’automne au Théâtre de l’Odéon à Paris.
Anaïs DUEE
Site du Festival d’Avignon