Ce dimanche 5 juin prochain aura lieu le second tour des élections présidentielles au Pérou, qui oppose Keiko Fujimori, fille de l’ex-président aujourd’hui en prison, et Pedro Pablo Kuczynski, économiste partisan des politiques libérales.
Au terme d’une campagne électorale d’une exceptionnelle complexité, dans laquelle dix neuf candidats étaient inscrits, et après l’élimination par la justice électorale péruvienne de deux candidats un mois avant le premier tour, dont Julio Guzmán (Todos por el Peru) devenu alors le principal rival de Keiko Fujimori, ce sont Keiko Fujimori (Fuerza Popular) et Pedro Pablo Kuczynski (Peruanos por el Kambio) qui ont remporté le premier tour des élections du 10 avril dernier, celui-ci devançant de peu la candidate de gauche Veronika Mendoza (Frente Amplio).
Keiko Fujimori, âgée de 40 ans, est la fille de l’ex président Alberto Fujimori (1990-2000) – sous le mandat duquel elle avait la fonction de première dame-, accusé du massacre de Barrios Altos, de violations des droits de l’homme et de corruption, et exilé pendant six ans avant d’être extradé vers le Pérou et condamné, en 2009, à 25 ans de prison. Elle a été élue au Congrès en 2006 et s’était présentée aux élections présidentielles de 2011, battue de justesse par Ollanta Humala, l’actuel président dont le mandat se termine le 28 juillet 2016.
Pedro Pablo Kuczynski, âgé de 77 ans, est un économiste et ex ministre de l’Economie (président du conseil des ministres du 16 août 2005 au 27 juillet 2006), arrivé troisième au premier tour des élections présidentielles de 2011. Alors que les deux candidats étaient au coude à coude dans les sondages jusqu’à la veille du premier débat présidentiel du 22 mai, les dernières enquêtes Ipsos montrent un avantage pour la candidate de Fuerza Popular, confirmé à la veille du second débat présidentiel du 29 mai, à une semaine donc du second tour prévu ce 5 juin 2016.
Keiko Fujimori obtiendrait 45,9 % des intentions de vote, alors que Kuczynski, obtiendrait 40,6 %, avec une marge d’erreur de 2,3 %. En sachant que beaucoup d’électeurs restent indécis ou ont l’intention de voter blanc. La leader se maintient donc malgré les récentes critiques à son égard, un dirigeant de haut rang de son parti étant accusé d’un lien présumé avec le narcotrafic. Ce dirigeant a démissionné du parti politique dans les jours qui ont suivi.
Dans le premier débat qui a donc eu lieu le dimanche 22 mai les deux candidats se sont lancé des accusations. Alors que Kuczynski insistait sur les problèmes de corruption sous le régime de son père, Fujimori qualifiait son adversaire « d’élitiste ». Les thèmes abordés au cours du second débat ont concerné la sécurité dans les villes, la relance économique, la gestion de l’environnement et la réduction de la pauvreté, et les deux adversaires se sont lancé les piques habituelles sur la corruption pour l’une et le favoritisme pour les multinationales pour l’autre. Selon une rapide estimation twitter des lecteurs du journal El Correo, Kuczynski serait sorti vainqueur de ce débat…
Fait important, ce lundi 30 mai la leader de gauche Veronika Mendoza a appelé sur les réseaux sociaux à barrer la route à Keiko Fujimori et à voter pour Pedro Pablo Kuczynski. Elle dit « ne pas vouloir d’un pays de corruption, de drogue et de violences où mentir, tuer et voler serait normal. Keiko Fujimori est entourée de gens corrompus et en lien avec le narcotrafic. Elle n’a pas l’autorité morale pour diriger ce pays ». C’est la première fois que l’ex candidate donne une indication de vote. Elle a aussi vivement critiqué les votes blancs qui, selon elle, favoriseraient Fujimori. Résultat donc le 5 juin prochain.
Catherine TRAULLÉ