Les résultats des élections générales de ce dimanche dernier (présidentielles et législatives) sont déjà officiels. Keiko Fujimori (Fuerza Popular) a obtenu 39,4 %, Pedro Pablo Kuczynski (Peruanos por el kambio) 21,3 % et la candidate du Frente Amplio, Veronika Mendoza 18,6 %. Pour départager les deux candidats arrivés en tête, un deuxième tour est attendu en juin prochain. La nouvelle chambre de 130 députés est aussi connue pour les prochains cinq ans.
Ce dimanche 10 avril, près de 23 millions de Péruviens (dont 884 000 à l’étranger), se sont rendus aux urnes pour élire le successeur d’Ollanta Humala, dont le mandat s’achève le 28 juillet 2016, au terme d’une campagne d’une exceptionnelle complexité. Plus de 77 000 bureaux de vote étaient ouverts, protégés par plus de 52 000 militaires, et des troupes d’élite dans le village andin de Matichacra où, la veille, le Sentier Lumineux avait tué huit militaires et deux chauffeurs civils. Il s’agit de la plus grosse offensive terroriste sous Humala. Il n’y a eu aucun incident le jour même des élections.
On rappelle que les derniers sondages prédictifs IPSOS du 27 mars 2016 attribuaient 32,1 % des intentions de vote à Keiko Fujimori, 16 % à Pedro Pablo Kuczynski, et 12,1 % à la candidate de gauche Verónika Mendoza. La lutte se faisait donc pour la seconde place. Keiko Fujimori arrive en tête sans surprise, et PKK gagne de peu la bataille avec Verónika Mendoza. Le ministère de l’intérieur a communiqué ce mardi les résultats définitifs : 39,4 % pour Fujimori, 21,3 % pour PKK, 18,6 % pour Mendoza.
La chambre de 130 députes pour la période 2016-2021 est aussi connue : Le parti de Keiko Fujimori, Fuerza Popular a obtenu 68 députés, Peruanos poro el Kambio de Pedro Pablo Kuczynski, 20, pour le parti Frente Amplio de Verónika Mendoza, 20, Alianza por el Progreso, 12, Alianza Popular 5 et Action Popular 5.
Keiko Fujimori et Pedro Pablo Kuczynski au deuxième tour
Keiko Fujimori, 40 ans, du parti Force Populaire, est soutenue par les plus pauvres des zones rurales et des périphéries urbaines, ceux qui restent fidèles à son père Alberto Fujimori – sous le mandat duquel elle avait la fonction de première dame -, bien que celui-ci, accusé du massacre de Barrios Alto, de violations des droits de l’homme et de corruption, se soit exilé pendant six ans avant d’être extradé vers le Pérou et condamné, en 2009, à 25 ans de prison.
Pedro Pablo Kuczynski, 77 ans, économiste et ex-ministre de l’Économie, du parti Peruanos por el Kambio est soutenu par les populations des villes où se trouvent les couches socio-économiques moyennes et élevées. Pour glaner des voix au second tour, lui qui est le fils d’un médecin allemand qui a consacré sa vie à combattre la lèpre dans la selva péruvienne, il a déclaré à la presse “je suis né à la campagne loin de Lima, je connais bien la sierra et aussi l’Amazonie”. Son âge et son expérience sont un atout, mais son accent étranger, ses liens avec les États-Unis et ses sympathisants qui sont les plus nantis sont un obstacle à rallier les couches populaires. Le second tour aura lieu le 5 juin 2016, et le suspense demeure, d’autant que plus de la moitié des péruviens auraient déclaré, il y a un mois, qu’ils ne voteraient jamais pour Keiko Fujimori…
Catherine TRAULLÉ