Le 31 mars dernier s’est ouverte la septième édition du Festival du cinéma latino-américian de Montréal. Présentation de cette initiative et des films présentés cette année, à quelques jours de la clôture du festival.
L’initiative de ce festival est l’œuvre de Roland Smith, directeur et programmateur du Cinéma du Parc. Dès le début de la décennie, il a su miser sur les festivals et les a multipliés, sur des thèmes et des formats différents : Festival du film sur les droits de la personne, Festival du film brésilien, Festival du film hongrois… Il y a de tout pour tous.
Les festivals se créent au gré des rencontres de Roland Smith, comme le Festival du cinéma latino-américain qui est né de sa rencontre avec Yuri Berger, ancien programmateur de Festivalissimo. Depuis, les films d’Amérique latine les plus primés sont présentés lors de ce festival, dont le but est “de s’ouvrir sur le monde et les autres” comme l’affirme l’acteur et le documentariste Luis Oliva, porte-parole de l’édition 2015.
Cette année, c’est German Gutierrez qui endosse ce rôle. D’abord comédien, il s’intéresse très vite à la réalisation après des études de cinéma à Ottawa. Son travail (Société sous influence, Qui a tiré sur mon frère ? L’affaire Coca-Cola, et d’autres) lui ont permis de remporter de nombreux prix et de lui donner une renommée internationale. Du 31 mars au 10 avril, il accompagne les 11 films qui ont été sélectionnés dans les meilleurs festivals de cinéma : Cannes, Berlin, Toronto.
En ouverture, on retrouve le film argentin El Clan de Pablo Trapero, produits par les frères Almodovar, qui ont été séduits par cette “tragi-comédie à la mise en scène flamboyante” selon Première, l’histoire d’une famille appréciée qui, dans l’intimité de son logis, kidnappe et tue. Sélectionné aux Oscars, le film remporta le Lion d’argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise. Une autre histoire de famille avec El gril de César, du réalisateur Dario Aguirre. Dario revient en Équateur pour aider son père à faire tourner le restaurant-grill installé dans un quartier populaire de la ville. Un film rondement mené qui favorise l’introspection du réalisateur et de son spectateur.
David Fabrega présente un film similaire, pareil au retour “odysséen” d’El Gril de César, Retour à Cuba. Après 18 ans passés en Italie, Barbara Ramos revient à Cuba, sa ville natale. Elle apprend à redécouvrir son pays, le temps de la construction de la maison de ses rêves.
Le Pérou est représenté par le film Magallanes de Salvador del Solar, inspirée du roman La pasajera d’Alonso Cuento. Un film qui revient sur l’histoire militaire du pays et du Sentier Lumineux, à travers l’histoire d’un chauffeur de taxi.
Le film La reina del pueblo documentaire vénézuélien a été précédé de la projection du film oscarisé Historia de un oso. En 1944, Caracas devient le centre du monde pour un infime moment : la 7e édition des séries mondiales des ligues de baseballs amateurs. La reine de beauté de l’événement doit être élue par les spectateurs. Retour sur cette bataille entre deux concurrentes, grâce à de nombreuses images d’archives.
À partir d’aujourd’hui, rendez-vous au festival pour visionner le reste de la sélection. Parmi les films qui seront présentés dans les jours à venir, le film cubain Viva, qui a aussi concouru pour les Oscars cette année, sur un enfant prénommé Jésus qui devient drag queen ; Si los perros volaran de Maximiliano de la Puente, Gabriela Blanco et Lorena Díaz sur la figure du journalisme Rafael Perrotta, souvent méconnu et qui vint grossir la liste des desaparecidos en 1977. Un joli documentaire à découvrir : Notre dernier tango sur les danseurs María Nieves Rego et Juan Carlos Copes, qui ont dansé ensemble pendant plus de 50 ans. Comme l’exprime l’équipe de programmation du festival, ce film est “un choc visuel et émotionnel, ce film a aussi le pouvoir de nous émouvoir.”
Le film de clôture, présenté le 10 avril, est bien connu des lecteurs d’Espaces Latinos puisqu’il s’agit du documentaire du réalisateur chilien Patricio Guzmán Bouton de nacre, dont avait déjà parlé notre critique Alain Liatard. Une belle manière de clore ce festival !
Victoria PASCUAL