L’Institut culturel du Mexique à Paris a inauguré, le 10 mars dernier, l’exposition de l’artiste mexicaine Marcela Lobo, intitulée Lecture du Passé, à travers des objets ayant déjà eu une première vie. L’occasion de revenir sur la carrière et l’œuvre de cette artiste touche-à-touche, au parcours déjà bien rempli.
Marcela Lobo naît en 1959 à Mexico. C’est son père qui l’initie inconsciemment très tôt aux arts plastiques. Architecte, il sème papier, colle et ciseaux derrière lui, des objets avec lesquels se familiarise rapidement la petite Marcela. Les œuvres qu’elle réalise alors sont déjà pleines de couleurs. Une caractéristique qui se retrouvera dans ses futures œuvres, où elle recouvre de couleurs fortes des objets du quotidien, à la manière de Matisse, Cézanne, Van Gogh ou María Izquierdo, ses influences artistiques.
C’est donc tout naturellement qu’elle s’oriente ensuite vers l’art et le design, deux matières qu’elle étudie à l’Université Motolina de Mexico en 1975. Elle obtient aussi un diplôme de gravure à l’atelier d’Avante, à Cancún, quelques années plus tard. Puis c’est vers la photographie que Marcela Lobo se dirige, en prenant des cours au Centro Cultural Arte Contemporaneo de Mexico. Elle y étudie aussi le dessin de la figure humaine. Tout un programme !
De la gravure aux expositions internationales
C’est par la gravure que l’artiste mexicaine commence sa carrière, en ouvrant son atelier à Cancún, en 1986. Elle se trouve rapidement confrontée à la dure réalité du marché artistique : peu d’élus et peu de demandes. Marcela Lobo est alors obligée de se tourner vers sa famille et ses amis pour pouvoir vivre de son art à cette époque. En 1991, elle décide finalement de retourner à Mexico. Toujours prête à découvrir de nouveaux matériaux artistiques pour s’exprimer, elle intègre l’atelier de Mercedes Escobar, entre 1993 et 1999, pour y apprendre la peinture. C’est aussi à cette période qu’elle commence à peindre jusqu’à huit heures par jour ! Comme quoi son talent n’est pas qu’héréditaire, comme aime à le proclamer l’artiste mexicaine (sa sœur est aussi peintre).
Elle travaille en parallèle dans un atelier de gravure où elle côtoie des noms tels que José Luis Cuevas, Manuel Felguérez et Carmen Parra. En dehors de ses propres créations qu’elle réalise à l’atelier, elle collabore avec le Centro Cultural Arte Contemporáneo où elle a étudié, avec l’atelier de Mercedes Escobar où elle pratique toujours la peinture ainsi qu’avec l’atelier traditionnel d’Alfartía de Gorky González.
Sa première exposition personnelle a lieu en 1991, au Club Porto Bravo à Valle de Bravo. Le public peut y voir de la peinture sur bois, des collages, de la céramique et mêmes des chaussures ! À partir de là, les expositions s’enchaînent. Elle commence à montrer son œuvre au Mexique, aux États-Unis et aussi en Europe. Parmi ses expositions les plus récentes, citons Cuerpos Vibrantes, exposition inaugurée en 2013 au Centro Cultural de Tijuana et qui a ensuite était montrée en 2014 au Consulat du Mexique à Los Angeles avant de rejoindre le Musée d’Art moderne d’El Paso, au Texas.
Lecture du Passé, à travers des objets ayant déjà eu une première vie
Les expositions européennes de Marcela Lobo ont presque toutes lieu en France. C’est donc tout naturellement que Lecture du Passé est organisée à Paris, par l’Institut culturel du Mexique en France.
Depuis de nombreuses années, l’artiste mexicaine consigne ses souvenirs dans un journal de bord, où elle met littéralement en boîte les objets qui peuplent son quotidien. Pour cette exposition, elle s’est consacrée pendant plus d’une année à mettre en scène ces totems, qui symbolisent autant l’enfance que l’intimité. On y retrouve des photographies, médium par excellence du souvenir, autant que de vieilles poupées démembrées. Un savant mélange qui invitent le spectateur à une réflexion sur le temps qui passe. D’abord présentée au Centro Nacional de las Artes à Mexico, l’exposition est aujourd’hui visible en France, depuis le 10 mars dernier et ce jusqu’au 29 avril.
Victoria PASCUAL