Dans quelques jours débute le séjour au Mexique du Pape François. La première étape de son voyage, Cuba, où il rencontrera le patriarche russe orthodoxe Cyrille, marquant la réunion des deux Églises catholiques, en froid depuis le schisme de 1054.
“Le Mexique mérite au moins une semaine de visite”(1). C’est donc durant une semaine que le Pape François sillonnera le Mexique, deuxième pays catholique d’Amérique latine après le Brésil, dès le 12 février prochain. Il débute son voyage par Mexico, avant de se rendre à Notre Dame de Guadalupe, Tuxtla Gutiérrez et de terminer par Ciudad Juárez, considérée comme l’une des villes les plus dangereuses du monde.
L’occasion pour lui de s’intéresser aux questions sociétales et sécuritaires du pays. Il a d’ores et déjà annoncé venir afin de prier avec le peuple mexicain “pour que les problèmes de violence, de corruption et tout ce qui arrive et dont [ils sont] conscients trouvent une solution, parce que le Mexique de la violence, de la corruption, des trafics de drogue, des cartels n’est pas le Mexique que veut [leur] Mère.” Lors de ce voyage, il souhaite les “exhorter à lutter tous les jours contre la corruption, le trafic, la guerre, la désunion, le crime organisé et la traite des personnes” (2) qui règnent dans le pays.
Une rencontre historique à Cuba
Avant d’entamer son périple à travers le Mexique, le pape François effectuera une brève escale à Cuba pour rencontrer le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Cyrille, lui aussi en visite sur l’île castriste. Ce rendez-vous historique est massivement relayé par la presse mondiale puisqu’il s’agit de la première rencontre entre dirigeants des chrétiens d’Orient et d’Occident depuis presque un millénaire, mettant ainsi fin à la querelle causée par le schisme de 1054. Les retrouvailles entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe russe, qui demeure l’une des plus puissantes branches du christianisme, sont ainsi scellées.
Cette rencontre avait déjà été initiée par les multiples prédécesseurs du pape François et du patriarche Cyrille mais aucune de leurs tentatives n’avait jusque-là abouti. Il aura fallu attendre Raúl Castro pour qu’elle soit rendue possible. Le président cubain, qui entretient de bonnes relations à la fois avec le Vatican et Moscou, a donné l’opportunité aux deux pontifes de se réunir en invitant le patriarche orthodoxe à se rendre à Cuba au moment même où le pape François se rendait au Mexique. Raúl Castro leur a donc permis de trouver un lieu et une date pour leur rendez-vous, “en préparation depuis pratiquement l’élection du pape François” selon une source proche du Vatican.
La protection des chrétiens d’Orient et d’Occident
L’entretien ne durera que quelques heures durant lesquelles les deux chefs d’Église ont déjà prévu d’évoquer la situation du christianisme face aux persécutions de l’organisation État Islamique (EI) en Irak et en Syrie. La défense du christianisme en Europe et le sort des chrétiens d’Orient, deux problématiques qui rapprochent chrétiens et orthodoxes, seront donc au cœur de cette rencontre historique.
Raúl Castro est ensuite attendu pour la signature de la déclaration commune à l’issue de ce tête-à-tête, après que chacun des chefs d’Église ait prononcé un bref discours dans leurs langues respectives. Pour terminer, le pape François et le patriarche Cyrille procéderont à l’échange traditionnel de présents.
Cuba est donc le siège d’une rencontre historique et l’occasion pour le pape François de réaffirmer sa volonté de faire du rapprochement entre les confessions chrétiennes l’une de ses priorités, après avoir déjà rencontré le patriarche Bartholomée de Constantinople, en novembre 2015. Ces retrouvailles en Amérique latine inaugurent d’autres voyages, notamment au Chili, en Uruguay ou au Pérou, où pourrait se rendre le pape en 2016. L’Argentine, pays natal du pontife, n’est toutefois pas à l’ordre du jour.
Victoria PASCUAL